Comédie dramatique de Loleh Bellon, mise en scène de Laurence Renn Penel, avec Christiane Cohendy et Clotilde Mollet. En brefs tableaux se racontent les rapports d’une mère et d’une fille sur toute une vie. "De si tendres liens" évoque le temps qui passe et les différentes étapes de l’existence dans ce rapport si particulier qui unit mère et fille.
Le spectateur suit des moments de vie de Jeanne (Clotilde Mollet), fille unique de parents séparés alors que sa mère Charlotte (Christiane Cohendy) a 25 ans. Solitude et absence, souvenirs discordants, rancoeurs et incompréhensions se mêlent et s’accumulent au fil des années pour rejaillir plus tard.
Mais demeure par-dessus tout un amour indéfectible réciproque. Puis la vie se chargera d’inverser les rôles. C’est la fille qui prendra soin de la mère, la rassurera comme elle-même le faisait quand elle était petite.
Laurence Renn Penel propose de la pièce de Loleh Bellon une version à la fois onirique et poétique où le public partage à chaque instant le quotidien de ces deux femmes. Avec des nuances délicates, "De si tendres liens" touche en chacun de nous ce qu’il y a de plus intime lié à l’enfance. Des souvenirs de Greta Garbo et de trains couchettes deviennent alors universels.
Dans la scénographie ajourée de Thierry Grand, finement éclairée par Philippe Morancé, des panneaux tantôt opaques ou translucides déployés comme un papillon, avec le soutien de la musique délicate de Frédéric Gastard, Laurence Renn Penel propose une mise en scène tout en douceur.
Celle-ci maintient la fluidité de ce superbe duo où les deux comédiennes, avec grâce et légèreté, passent en un clin d’œil d’une époque à une autre et dessinent peu à peu l’évolution de ce rapport mère-fille dont la courbe va peu à peu s’inverser.
Clotilde Mollet, comédienne si singulière aux multiples visages, est l’enfant puis la jeune fille et la femme avec la même facilité. De même pour Christiane Cohendy au jeu toujours vrai et puissant qui incarne la mère avec une grâce infinie pour en montrer toute sa fragilité.
Deux comédiennes en osmose parfaite dont chaque inflexion se réfléchit dans l’œil de l’autre. Deux alpinistes encordées pour une escalade des plus vertigineuses. Un travail de dentellières pour deux virtuoses au sommet de leur art qui composent avec maestria un bijou d’émotion et de tendresse. |