Je continue avec grand plaisir la découverte du catalogue de Quidam éditeur après La Confession et Taqawan, chroniqués récemment sur le site. Une fois n’est pas coutume, c’est encore un drôle de bouquin que nous propose cet éditeur avec Seule la nuit tombe dans ses bras de Philippe Annocque.
Philippe Annocque est l’auteur d’une dizaine de livres qui lui ressemblent sans pour autant se ressembler entre eux. Avec son dernier ouvrage, il est question de relations amoureuses virtuellement sur les réseaux sociaux sans contact physiques. Une histoire d’amour donc ? Oui, sûrement, mais pas comme celles que l’on peut avoir l’habitude de lire.
Herbert est un écrivain, marié et père de famille. Coline a plusieurs centaines de kilomètres, est une enseignante mariée et mère de famille aussi. Chacun a sa petite vie, aime son conjoint et ne connaît pas de problèmes particuliers dans son couple. Ces ceux-là vont se rencontrer sur internet, apprendre à se connaître, se découvrir, tout ça par écrans interposés. Rapidement, des sentiments vont s’installer, sans pour autant avoir de contacts physiques. Leur amour n’est pour autant pas virtuel, ils font l’amour, se caressent, toujours à distance, par écrans interposés.
Le livre nous raconte donc leur rencontre, l’évolution de leur histoire, sous la forme romancée classique mais aussi au travers de dialogues avec leurs échanges sur les réseaux sociaux. Le livre se lit donc très bien, très rapidement, avec plaisir car il nous interroge sur la réalité des sentiments qui peuvent exister entre deux personnes qui n’ont aucun contact physique. Ces relations amoureuses et ce type de rencontres sont aujourd’hui très nombreuses. A l’ère du numérique, avec les réseaux sociaux qui nous envahissent, avec des sites spécialisés pour mettre en contact célibataires et personnes déjà en couple, Philippe Annocque nous propose donc un livre drôle et réfléchi sur ces nouvelles relations amoureuses.
Et en même temps, au gré des 140 pages qui constituent le livre, l’auteur nous montre comment il peut être difficile de mener une double vie, familiale d’un côté et virtuelle de l’autre. Les échanges deviennent compliqués, notamment au moment des vacances. Sauf que, leur relation n’est pas tout à fait virtuelle et le livre nous le prouve. Des sentiments existent et c’est la distance au final qui représente le principal obstacle à la consolidation de leur relation. Mais en même temps, cette distance leur permet aussi de mener de front leur double vie.
Le livre nous montre aussi que ce qui les excitaient au départ, à savoir leurs échanges érotiques sur ordinateur, les frustrent assez vite. La présence semble importante et le manque de contact se fait sentir.
Et au final se pose la question principale du livre. Coucher par écrit est-il tromper ? Car Herbert et Coline ne couchent pas. On pourrait donc penser qu’ils ne trompent pas. Mais le livre nous montre le poids des mots, leur importance. En les lisant, une vraie relation apparaît et l’on peine à croire que l’on puisse considérer qu’il n’y a pas d’adultère dans leur relation.
Petit livre sans prétention, Seule la nuit tombe dans ses bras s’avère donc être une jolie surprise qui devrait avoir toute sa place dans cette rentrée littéraire. |