Pour cette rentrée littéraire, les éditions Sonatine nous propose un livre à la couverture intrigante, toute droite sortie des années 80. Dans une préface tout autant surprenante, l’auteur nous explique l’origine de ce livre.
L’auteur nous explique que ce livre fut écrit par un auteur quasi-inconnu, Raymond Brunet et publié au début des années 80 avant d’être adapté au cinéma par Claude Chabrol en 1989. S’installant à Paris quelque temps après la sortie du film, il dut, sous la pression de sa mère, retourner dans son village natal, le lieu principal du roman. De par les descriptions des personnages dans son roman, il se retrouva au ban de son village avec des populations qui lui reprochaient le portrait de leur village. Raymond Brunet se suicidera en 1992 en se jetant sous un train, sans avoir connu le succès mérité pour son livre et sans aucune explication. En cherchant bien dans la filmographie de Chabrol, nulle trace d’une quelconque disparition d’Adèle Bedeau. Même résultat concernant la recherche d’un certain Raymond Brunet. Intrigant donc, et une énorme envie de se plonger dans le livre pour mieux comprendre tout ça.
Graeme Macrae Burnet dit nous proposer aujourd’hui une nouvelle édition de cet ouvrage, traduit par Julie Sibony. Tiens donc ? Un livre traduit de l’anglais ? Il nous précise : "Bien qu’il existe de nombreux parallèles entre ce roman et la vie de Raymond Brunet, La disparition d’Adèle Bedeau est bel et bien une œuvre de fiction".
L’histoire se déroule à Saint-Louis, une petite ville ordinaire d’Alsace, située à la frontière avec l’Allemagne et la Suisse. Manfred Baumann est un personnage solitaire. Timide, inadapté, secret et très routinier, il passe ses soirées à boire seul en contemplant la jolie serveuse du bar-restaurant la cloche, une certaine Adèle Bedeau.
Georges Gorski, lui, est un policier qui se confond avec la grisaille de la ville. S’il a eu de l’ambition, celle-ci s’est envolée depuis longtemps. Peut-être le jour où il a échoué à résoudre une de ses toutes premières enquêtes criminelles qui, depuis, ne cesse de l’obséder. Lorsqu’Adèle Bedeau disparaît, Baumann devient le suspect principal de Gorski. Un étrange jeu se met alors en place entre les deux hommes.
Le roman est construit de façon très classique avec une alternance de points de vue des deux principaux personnages, Baumann et Gorski, que l’auteur s’évertue à nous présenter au travers de leur histoire et de leurs pensées. Les deux hommes ont de nombreux points communs ; ce sont des êtres meurtris qui n’ont pas la vie qu’il désirait. L’auteur prend du temps pour nous décrire décors et personnages, comme dans un bon vieux film des années 80.
Vous l’avez donc compris, Graeme Macrae Burnet a souhaité nous proposer un ouvrage vintage, que le lecteur appréciera comme on a pu apprécier les vieux épisodes de l’inspecteur Maigret. Dans l’esprit des Simenon et Chabrol, l’auteur prend un malin plaisir à nous proposer un thriller psychologique d’ambiance, à jouer avec le lecteur (dès la préface et tout le long du livre) en brouillant les pistes comme dans tous les bons polars.
"L’évidence n’est pas toujours la vérité" nous prévient Graeme Macrae Burnet sur la quatrième de couverture. La disparition d’Adèle Bedeau en est la plus parfaite illustration. |