La rentrée littéraire chez Autrement débute avec un livre relatant une histoire vraie qui se lit quasiment comme un thriller. Ron Stallworth nous raconte son histoire, celle du premier noir à avoir intégré la police de Colorado Springs. Ayant passé trente-deux ans dans les forces de l’ordre, pendant lesquels il a mené de nombreuses opérations sous couverture.
Parmi ces opérations, la plus incroyable fut celle d’infiltrer la branche locale du Ku Klux Klan. En 1978, il fut le premier noir à infiltrer la KKK en se faisant passer pour un suprémaciste blanc au téléphone puis en envoyant un de ses collègues assister à sa place aux réunions du KKK.
Le livre, relativement court avec un peu plus de 200 pages nous raconte comment, pendant sept mois passés sous couverture, il a réussi à déjouer les plans du KKK et à saboter plusieurs expéditions punitives. On voit aussi comment il a pu approcher de près leur leader, un certain David Duke, un homme pas si facile que cela à atteindre normalement.
Cette histoire incroyable a inspiré le réalisateur américain Spike Lee pour son dernier film, BlacKkKlansman, sorti en France le même jour que le livre et qui a reçu en mai dernier le grand prix du Festival à Cannes.
Je n’ai pas vu le film car en général je préfère lire le bouquin avant d’éventuellement aller voir son adaptation. Vu le plaisir pris à la lecture de l’histoire de Ron Stallworth, je ne suis pas certain que le film de Spike Lee m’apportera grand-chose.
Le livre nous détaille son infiltration au travers de situations parfois cocasses qui montrent que l’auteur tient souvent à ridiculiser le mouvement qu’il infiltra. La stratégie mise en place par le policier pour infiltrer le KKK est rondement détaillée et on le voit approcher David Duke, une figure de l’extrême droite américaine qui n’hésite pas aujourd’hui à apporter son soutien au président Trump. Il nous permet aussi d’appréhender l’organisation du KKK avec des cotisations, un numéro de membre, des réunions organisées dans une grande clandestinité et les déplacements du chef parfaitement orchestrés.
On voit bien aussi la volonté du KKK d’uniformiser ses adeptes autour de théories racistes et antisémites. Il nous montre aussi les paradoxes du KKK, un groupuscule prétendant souscrire aux plus grands idéaux de l’américanisme en honorant notamment la constitution et le drapeau tout en idolâtrant Hitler et le mouvement national-socialiste, lequel ayant mené le monde au bord du gouffre soixante ans plus tôt.
Cette infiltration, jamais détectée par les membres du KKK fut pour l’auteur l’occasion de faire arrêter des membres du groupe et de faire capoter des rassemblements. On sent qu’il a pris plaisir à berner ceux qu’ils considèrent aujourd’hui comme des crétins notoires racistes. Avec le recul, la révélation de son infiltration, une vingtaine d’années après, lui permet aussi de montrer qu’un noir a pu duper le grand leader du Klan, celui qui considère les noirs comme des sous-êtres stupides.
Alors n’hésitez pas, si vous n’avez pas encore vu le film de Spike Lee, à aller lire ce sympathique livre de Ron Stallworth qui vous fera passer un agréable moment de lecture. |