Comédie de Cyril Gely et Eric Rouquette, mise en scène de Tristan Petitgirad, avec Davy Sardou, Xavier Lemaire et Thomas Sagols.
24 Février 1848. Dans le domaine d’Alexandre Dumas à Port-Marly en région parisienne, Auguste Maquet, son secrétaire (et coauteur) achève de rédiger les nombreux feuillets sur lesquels il a travaillé des heures durant pour le compte du grand écrivain à succès, quand celui-ci réapparaît.
Dumas doit impérativement être productif et fournir des chapitres à ses éditeurs pour financer la construction du château qu’il a fait bâtir sur son domaine. Pour cela, il a besoin que Maquet augmente la cadence. Survient alors une nouvelle d’importance : Louis-Philippe vient d’abdiquer et la contestation gronde dans la capitale.
Dumas écrit aussitôt un message destiné à être lu à l’assemblée en faveur de la Duchesse d’Orléans à qui a été confié la régence (et dont il espère être nommé ministre). Mais Maquet, qui ne veut pas être associé à cette prise de position, exprime son désaccord. C’est le début d’une joute oratoire entre les deux hommes, dans laquelle on s’apercevra que celui qui tire les ficelles n’est pas forcément celui qu’on croit…
Cyril Gély et Eric Rouquette ont écrit (en 2003) un texte brillant, magnifiquement documenté à la mécanique imparable, qui raconte en une nuit la "collaboration artistique" unissant Alexandre Dumas et Auguste Maquet. Réflexion sur la création littéraire autant que confrontation de deux caractères, "Signé Dumas" offre un vrai bon moment de théâtre aux nombreux morceaux de bravoure.
Mis en scène avec virtuosité par Tristan Petitgirard, le texte est porté par Xavier Lemaire et Davy Sardou qui se complètent à merveille. Ils sont adjoints de Thomas Sagols aux apparitions savoureuses (d’un gavroche à un Maréchal des logis).
Xavier Lemaire est un Alexandre Dumas exubérant et fantasque. Tour à tout prétentieux, colérique ou penaud, il est admirable et fait de son interprétation truculente le cœur de ce spectacle.
Mais Davy Sardou, tout comme son personnage, est loin d’être en reste. Il incarne avec une intense intériorité ainsi qu’une émotion palpable, un Auguste Maquet aux antipodes de Dumas : réservé et besogneux, d’une grande intelligence, dans l’ombre de son associé.
Dans ce face à face d’anthologie, ces deux excellents comédiens délivrent avec ardeur un spectacle passionnant. |