Voilà un jeune auteur atypique qui vient nous proposer un premier roman fulgurant pour cette rentrée littéraire aux éditions Buchet-Chastel. Né en 1993, Hector Mathis a grandi aux environs de Paris entre la littérature et les copains de banlieue. Diagnostiqué précoce à l’âge de six ans, il a obtenu son Baccalauréat bien avant sa majorité. Ecrivant sans cesse, s’orientant d’abord vers la chanson, il a décidé de se consacrer pleinement au roman. Frappé par la maladie à l’âge de 22 ans, il a décidé de jeter l’ensemble de ses forces dans l’écriture.
Et c’est donc K.O., son premier roman au titre particulièrement concis qu’il nous dévoile son talent d’écrivain. Deux cents pages nous suffisent pour voir en cet auteur une grande originalité de style bercé par une écriture musicale et poétique qui dévoile chez le lecteur de nombreuses émotions.
L’auteur prend le risque de nous perdre des premières pages avec un premier chapitre assez décousu demeurant néanmoins assez énigmatique, ce qui justifie notre envie de nous plonger dans la suite de l’ouvrage. Assez vite l’histoire s’emballe, l’auteur nous embarque dans un tourbillon de mots et de phrases. Une urgence se dégage du livre et du style de l’auteur qui, au final, rendra le livre clivant avec d’un côté des lecteurs qui crieront presque au génie et de l’autre, certains qui passeront complètement au travers du livre.
De mon côté, sans crier véritablement au génie, je dois bien avouer que le dernier livre d’Hector Mathis, même s’il ne m’a pas mis K.O., m’a permis de passer un très agréable moment. Lecture coup de poing, lu d’une traite, Hector Mathis frappe fort, avec ses mots et ses maux. C’est puissant et nerveux, incisif et violent.
L’histoire est simple et passionnée, elle traite de deux jeunes, Sitam, un passionné de jazz et de littérature qui tombe amoureux de la jeune Capu. Elle a un toit temporaire, lui est fauché comme les blés. Ils vont vivre quelques jours merveilleux à Paris avant de devoir s’enfuir lorsque la ville devient le théâtre d’explosions et de coups de feu, envahit par les policiers et les militaires. Bouleversés, ils prennent le dernier train de nuit en partance pour le pays natal de Sitam, les Pays-Bas. C’est alors le début de leur odyssée qui va les voir traverser la Banlieue, l’Europe et la précarité.
C’est donc leur voyage que nous propose Hector Mathis, l’occasion pour lui de traiter de thèmes variés comme la poésie, la maladie, la mort, l’amitié et l’errance. Il y a aussi beaucoup de tendresse et de réflexion dans les mots d’Hector Mathis. Ces mots sont souvent saccadés, un peu comme la destinée des deux paumés que le roman nous raconte mais surtout ils sont remplis de musicalité, ce qui fait le talent de l’ouvrage.
K.O. est un livre écrit dans l’urgence, ce qui se ressent tout au long de l’ouvrage. Ça cogne, ça prend aux tripes, c’est fort et puissant. Inventif et sans concession, le langage direct utilisé par l’auteur ne nous laisse que rarement respirer. On sort de ce livre de la même façon que l’on doit terminer un combat de boxe ! A savoir complètement rincé !
Alors n’hésitez pas, prenez le risque de vous laisser embarquer dans ce texte puissant et poignant écrit par un écorché vif au style particulièrement original. Laissez-vous emporter par son chaos qui vous laissera sûrement K.O.