Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Louis-Ferdinand Céline conçu et interprété par Franck Desmedt. Le périple de Ferdinand Bardamu démarre Place Clichy dans les années 20 avant qu’il parte à la guerre. Le texte entame à sa suite une longue descente dans les méandres de l’humanité.
On suivra Bardamu dans les tranchées puis en Afrique colonisée et aux Etats-Unis (à Détroit où il travaillera dans les usines Ford et New-York), avant de revenir à Paris où il deviendra médecin des pauvres, de plus en plus désenchanté de l’humain.
Œuvre majeure du controversé Louis-Ferdinand Céline, "Voyage au bout de la nuit", est incontestablement un chef d’œuvre aux images stupéfiantes, traversé de fulgurances comme on en a vu peu dans la littérature. Sombre et lucide dans le regard sans concession qu’il porte, il est éblouissant par son style.
Il fallait donc pour le mettre sur une scène de théâtre un traitement de tout premier ordre. C’est le cas avec cette version à la fois sobre et d’une richesse infinie. Une version forcément resserrée, mais avec talent, par Philippe Del Soccoro autour des thèmes de la guerre, de la mécanisation et de la pauvreté notamment.
Parfait pour épouser le style de l’auteur, alternance de parlé simple voire argotique et d’envolées lyriques hallucinantes à la manière du jazz, Franck Desmedt est captivant. Diction et ruptures parfaites, Il guide le spectateur pas à pas avec une intimité rare et une formidable intelligence de jeu incarnant avec une précision incroyable les différents personnages.
On y ajoute sa mise en scène ingénieuse et accessible qui, avec peu de choses (une poubelle devient une pirogue, une pancarte et un néon figurent un motel) fait passer toutes les émotions et les nuances de ce texte fabuleux, le tout éclairé avec finesse et magie par Laurent Béal. Tout concourt donc à la perfection de cet exceptionnel moment de théâtre transcendé par cet immense comédien.
Un voyage dont on sort différent comme s’il nous avait fait toucher quelque chose de rare et de précieux.
A voir absolument ! |