Comédie dramatique de William Goldman, mise en scène de Daniel Benoin, avec Myriam Boyer et Francis Lombrail. Paul Sheldon, écrivain à succès de la saga romanesque des "Misery" se réveille après un grave accident de voiture dont il n’a aucun souvenir, dans un lit d’hôpital. Il est en réalité dans une ferme abandonnée, au domicile d’Annie Wilkes, une ancienne infirmière et sa "fan numéro un".
Les jambes brisées et le dos en piteux état, il ne peut pas bouger, dépendant de cette femme à la personnalité plus que trouble. Celle-ci supportera difficilement les pages du nouveau roman de Paul au langage plus familier dont elle découvre le manuscrit et qu’elle lui ordonne alors de brûler.
Déjà transposé au cinéma en 1990 aux Etats-Unis par Rob Reiner avec Kathy Bates et James Caan, le roman de Stephen King possède son lot d’ingrédients pour un vrai suspense : un huis-clos dans un lieu inquiétant, un personnage ambigu et psychopathe au passé nébuleux, un autre immobilisé et séquestré.
Adapté de belle manière par Viktor Lazlo, cette nouvelle version de "Misery" est mise en scène efficacement par Daniel Benoin dans une brillante scénographie de Jean-Pierre Laporte représentant une sorte de grand loft aux murs de bois peint. Un dispositif astucieux de vidéo à l’écran encastré dans la paroi permet de projeter les cauchemars de Paul ou de filmer le couloir hors-scène.
L’accent est mis sur le jeu des comédiens et les relations entre les deux personnages. Ce face-à-face est l’atout de cette pièce qui évoque notamment la création littéraire et la perception qu’en a le public.
Sur scène quasiment en permanence, Myriam Boyer et Francis Lombrail jouent avec talent ce huis-clos à haute tension (désamorcée par de fréquents traits d’humour).
Myriam Boyer, trouve ici une nouvelle fois un rôle à sa mesure. Fascinante et inquiétante, elle est magistrale de bout en bout avec ce personnage multiforme dont elle incarne de sa voix douce la folie à la perfection. Une grande interprétation. Francis Lombrail est tout à fait convaincant dans ce rôle d’écrivain, double de Stephen King, à la permanente autodérision.
Un régal (à voir par un soir pluvieux et froid, pour être dans l’ambiance). |