Spectacle de théâtre-conférence conçu et dispensé par Arnaud Hoedt et Jérôme Piron. Les deux compères belges francophones de la Compagnie Chantal & Bernadette, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, tous deux ex-professeurs respectivement de français et de religion catholique, ont commis un opuscule illustré intitulé "La faute de l'orthographe" attaquant le dogme prôné par les puristes de la langue française dont ils présentent une transposition scénique.
Se défendant d'être comédiens, ils la proposent donc sous la forme du théâtre-conférence ludique, à la manière du géographe-comédien Frédéric Ferrer dans sa série des "Cartographies", dans un opus intitulé "La Convivialité", titre qui ne manque pas d'interpeller quant à la relation de causalité entre leur approche (très) critique de l'orthographe de la langue française considérée comme d'une complexité absurde et injustifiée et la convivialité dans son acception courante à la française.
En fait, ils l'utilisent en référence à la notion de seuil de convivialité dégagé par le penseur allemand Ivan illitch pour sa critique de la société industrielle, seuil au-delà duquel une activité se retourne contre sa finalité puis menace de détruire le corps social que celui-ci, défenseur de l'éducation libertaire et de la suppression de l'institution scolaire, appliqué également à l'école ostracisante et source d'uniformisation des personnalités.
Arnaud Hoedt et Jérôme Piron procèdent donc par analogie en l'appliquant à l'orthographe à fins de désacralisation du dogme et ce, de façon humoristique dans dans un esprit ludique, avec parfois des amalgames et des assertions spécieuses, qui sont de régles dans ce genre d'exercice.
Ils s'en tiennent cependant au constat en dénonçant les "coupables", des moines copistes aux membres de l'Académie française dans sa mission de rédaction du dictionnaire officiel, n'évoquant pas son homologue d'outre-Quiévrain l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, et ne s'engagent pas sur des pistes de réformes radicales.
D'autant que le sujet est largement polémique et peu propice à l'unanimité ce que démontre leur insert interactif demandant le vote du public sur quelques simplifications orthographiques qui prouvent que les choix s'avèrent aussi subjectifs qu'irrationnels et incohérents.
Très à l'aise sur scène, le duo dispense de main de maître (sic) une démonstration finement boutiquée aussi plaisante que divertissante laissant ouvert le champ discursif.
|