On espérait une suite au superbe Perfidia publié il y a déjà trop de temps, on se contentera d’un nouveau livre du maître James Ellroy pour nous faire patienter. On ne présente plus le maître incontesté du roman noir made in USA, on se limite à se délecter de ses nouveaux ouvrages lorsqu’ils nous arrivent. Avec Reporter criminel, le plaisir de lecture s’avère court et intense pour un petit ouvrage qui se lit en deux petites heures, sûrement d’une traite.
Ellroy a décidé avec cet ouvrage de revenir sur deux affaires criminelles pour lesquelles le Vanity Fair lui avait commandé deux reportages. La première date du 28 août 1963, un jour resté célèbre puisque Martin Luther King y prononça son célèbre discours "I have a dream". Ce jour-là, deux jeunes filles furent sauvagement poignardées dans leur appartement de Manhattan. A l’issue d’une enquête bâclée et orientée, un jeune noir fut accusé du crime. En 1976, l’acteur Sal Mineo est aussi assassiné devant chez lui à Los Angeles. Une enquête est menée par le LAPD, de nombreuses théories sont alors avancées autour de ce meurtre mais la vérité est ailleurs.
Avec Reporter criminel, Ellroy se lance donc dans la grande tradition des écrivains journalistes et réinvente le déroulement des enquêtes, en empruntant la voix des policiers tout en faisant résonner la sienne, toujours de façon inimitable.
Ce n’est pas un roman que nous propose Ellroy, mais deux nouvelles, une consacrée à chaque affaire. L’auteur nous fait suivre les différentes procédures concernant ses affaires, les illustrent par des photos d’époque et nous montre les différentes péripéties rencontrées par les enquêteurs.
Les enquêtes se situent au cours de deux décennies différentes avec les années 60 et les années 70. La première enquête est l’occasion de montrer une Amérique sujette au racisme quand la seconde nous permet de découvrir le Los Angeles des années 70. J’ai eu personnellement une préférence pour la seconde enquête, plus fouillée je trouve même, si la première concernant les deux jeunes filles est aussi très intéressante.
Au final, Reporter Criminel n’est pas le meilleur livre de James Ellroy, c’est une évidence. Je prèfére de loin ses romans, notamment le dernier Perfidia. Pour autant, Reporter Criminel, dans un exercice de style différent, nous fait passer un agréable moment de lecture tout en nous faisant patienter pour la suite tant attendue de Perfidia. |