Enfant du vide
(Autoproduit / Inouïe) octobre 2018
Un mirage dans le désert, une guitare sèche égrène quelques notes, hésitantes, chuchotis pour ne pas réveiller le bambi qui dort. Dans la mythologie grecque, Pandore est une femme, façonnée d’argile et d’eau par le dieu des forges. Plus tard, la même qui n’a pas pu se retenir d’ouvrir cette fichue boîte pleine de cochonneries qui empoisonnent encore l’humanité. Une super copine à Eve, j’imagine…
Dans les lignes qui vont suivre, Pandore est un homme et il est Lyonnais. Fervent de The Doors, Nietzsche et Baudelaire, il tire ses mélancolies des violoncelles et des soupirs de cordes. Enfant du vide est le gracieux albatros moqué pour ses piétinements laborieux et le combattant nihiliste refusant de s’asservir aux dogmes qu’une minorité prétend universelle.
Pandore chante comme on pleure, il écrit comme on saigne et joue comme on meurt. Sans demi-mesure et passionnément, il vise la scintillante lueur au bout du nez et livre ses textes d’un souffle sincère et virulent. "Rien dans les poches, le cœur à vide, on marche vers rien mais on s’accroche, à chaque lueur que le destin fait pointer la mort qui s’approche" ("A chaque mot de leurs apôtres").
Sa poésie est désarmante d’intelligence et de précision, Enfant du vide est un roc sensible et lucide. Révolté par le culte des écrans et des icônes de pacotille, Pandore délie sa langue en secousses telluriques, tentatives d’électrochocs aux âmes creuses et aux consciences inutiles : "Nihiliste à deux francs, nihiliste gratuit, les deux ne font ni froid ni chaud, l’important c’est la thune et puis les paradis d’artifices non-baudelairiens mon pauvre salaud" ("Dans l’infini du temps").
Fin analyste des comportements sociétaux du siècle, Pandore pousse les enfants du vide à se lever pour la lumière, s’éloigner de l’absurdité des moutons, et de l’abrutissement des pixels. Engagé, Enfant du vide ne peut laisser indifférent quiconque s’intéresse encore un tantinet à l’humanité. Il donne des envies d’ailleurs et d’autrement, de briques à construire et de rêves à toucher.