Derinëgolem - Drame - Zombie Zombie - Gareth Dickson - Petit fantôme - Franky Goes To Pointe à Pitre - Halo Maud - Moodoïd
(Toulouse) du 3 au 7 octobre 2018
Jeudi
Nous sommes jeudi soir, la première session de concerts de la deuxième édition du festival Ellipse commence : un jeune groupe toulousain, Derinëgolem (composé d’un batteur et d’une violoniste chanteuse originaire, je crois, des Balkans) ouvre la soirée. Les morceaux oscillent entre musique traditionnelle, country, musique hypnotique un peu kraut un peu progressive, oui tout ça…
C’est parfois assez convaincant et prometteur, parfois tout l’inverse. La batterie se veut tellurique et profonde, elle est parfois approximative et lourde. Il y a de bonnes choses dans ces compositions mais disons qu’une orientation, un choix esthétique, manque. Les deux membres du groupe semblent ne pas trop encore savoir où aller et partent un peu dans tous les sens : qui trop embrasse mal étreint, dirait le dicton.
Vient ensuite Drame, groupe que je ne connaissais pas (signé chez Platinum). J’apprends que Rubin Steiner en est membre. Il est ici à la basse. On me parle de Krautrock, des amis sont enthousiastes, à voir.
L’arrivée sur scène est froide, aucune communication avec le public. Loin de moi l’envie d’émettre un avis sur cette musique que j’ai découverte sur scène, ce qui est souvent insuffisant pour en mesurer pleinement la valeur, mais la prestation est vraiment poussive et laborieuse.
Dès le lendemain je prends la peine d’écouter leur disque. Cela était tout de même d’un autre niveau que cette prestation pour laquelle chacun des musiciens semblait jouer ses parties. Oui, j’ai eu comme l’impression de n’avoir pas vu un groupe sur scène mais plusieurs musiciens jouant ce qu’il fallait jouer.
Vient ensuite Zombie Zombie, et là, l’enthousiasme est total, l’attitude de Jaumet et de ses musiciens est là, le son est parfait, les morceaux prennent de l’ampleur, de la puissance. Un régal. Le public, moi compris, est conquis. Artistes généreux, musique excellente, ingé son au top : rien de plus à ajouter.
Vendredi
Vendredi, la deuxième soirée, fut pour moi importante : j’y ai fait une grande découverte musicale, Gareth Dickson, guitariste écossais (qui a joué avec Vashti Bunyan).
Dans un "dispositif" intimiste, loin de la scène, à côté du bar il a joué sa précieuse folk étirée, aérienne, sa folk un peu drakienne avec un petit quelque chose d’un post-rock ambiant. Seul avec sa guitare, son pédalier, et sa voix qui évoque, là encore, Nick Drake, en plus diaphane et lumineux. Son envie, son plaisir de jouer comme sa douceur sont touchants ; et le public, attentif, est soucieux de préserver l’ambiance feutrée propice à l’écoute. Sa musique est vraiment superbe, elle est de celle qui nous rassure, qui nous réconforte, lorsqu’on se sent inquiet, suspendu, perdu.
Vient ensuite Petit fantôme, n’appréciant pas plus que cela leur musique je me garderai bien d’en dire davantage. Si ce n’est que le public avait l’air content d’être là.
Pour clore la soirée, le groupe Franky Goes To Pointe à Pitre (avec un membre de Pneu) entre en scène : un mélange de math rock, de musique antillaise avec des accents parfois un peu noise, c’est énergique, un peu drôle aussi, léger mais ça ressemble beaucoup au disque. J’écoute cela avec plaisir (non coupable), les autres membres du public également.
Cela était assez osé de proposer une affiche avec des esthétiques si différentes. C’est une réussite.
Samedi
Samedi, dernière soirée, deux concerts (au Connexion) : Halo Maud et Moodoïd partagent l’affiche. Est-ce le fruit du hasard ? Je l’ignore. Mais Halo Maud, qui fut musicienne de Moodoïd, se dit heureuse de jouer avec eux, c’est une première. Voilà, occasion est donnée pour des invitations réciproques à venir chanter durant le concert de l’un et de l’autre.
Impatient d’écouter Halo Maud en concert (son premier album étant l’un de mes disques préférés de l’année), je cours l’écouter, d’abord en showcase chez mon disquaire préféré (Mes Mauvaises fréquentations) : sans micro, tous les instruments branchés sur un tout petit ampli et voilà, c’est beau, cette proximité et ce dépouillement, c’est beau, ces morceaux joués par eux trois, Halo Maud et ses deux musiciens (Olivier Marguerit, et Stéphane Bellity) si proches, presque collés l’un à l’autre.
Le concert du soir fut, cela va sans dire, une réussite. Ce qui est admirable avec les morceaux d’Halo Maud, sur scène, c’est qu’ils sont à la fois pareils que sur le disque et tout à fait différents. Et je crois qu’il y a là l’une des clés d’un bon concert : lorsque les morceaux joués sont familiers et en même temps autre, parce que, justement, joués sur scène. Rien n’est plus inutile que ces concerts qui ne sont que des calques du disque ; rien n’est plus agaçant que ces musiciens qui jouent à l’identique leurs morceaux ou ceux qui, à l’inverse, les métamorphose tellement que l’on ne sait plus ce qui est joué.
C’est l’heure de Moodoïd. Ça sonne très soul 70’s 80’s (à titre personnel je préfère le Moodoïd du début), et le public connaît les morceaux. Le père du chanteur (Pablo), qui n’est autre que le jazzman Jean-Marc Padovani, vit à Toulouse, ça tombe bien : le voilà monté sur scène pour jouer (entre autres) "De Folie Pure" avec le groupe de son fils. L’ambiance est vraiment bonne. Ça part en samba, et c’est bien ; ça part en slaps de basse et… ce sont des slaps de basse.
Bref, il y a un petit côté "je suis content d’être là, avec ma famille et des amis", d’ailleurs Pablo Padovani salue son ami d’enfance Kevin Colin, vivant lui aussi à Toulouse et dont le projet Kevin Colin et les Crazy Antonins, sorte de Salut C’est cool toulousain, mériterait d’être plus connu et soutenu, c’est dit. En fait, Moodoïd mérite vraiment d’être vu sur scène.
Dimanche
Le dimanche, cela devait sans doute être bien mais je n’ai pu y assister.
En conclusion, je vous remercie, Ellipse, d’avoir programmé tous ces groupes, merci de m’avoir fait découvrir Gareth Dickson, merci de m’avoir permis d’écouter Halo Maud en concert (sans ce festival, Halo Maud à Toulouse…).
Cette deuxième édition fut une belle réussite. Vivement l’année prochaine pour la troisième, ce sera encore mieux.
Et, sans vouloir vous commander, écoutez Gareth Dickson :
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