Thriller scientifique écrit, mis en scène et interprété par Marien Tillet.
De la conception shakespearienne de vie qui est un songe aux travaux des neurosciences et de l'opuscule d'interprétation empirique des rêves selon les croyances populaires qui figure dans la bibliothèque familiale à la psychanalyse des rêves selon Freud, la fascination pour le monde des songes perdure.
Et le comédien-conteur Marien Tillet a choisi cet univers comme toile de fond d'un spectacle nommé "Paradoxal" qualifié de "thriller scientifique" et de "spectacle-expérience d'immersion".
Toile de fond car, nonobstant la situation, celle d'une journaliste insomniaque qui se joint à un groupe de "cobayes" volontaires soumis à un protocole expérimental sur le sommeil dit "paradoxal" au cours duquel se produisent les rêves dits "lucides" dont le souvenir persiste au réveil, il est utilisé comme un "macguffin" pour délivrer un épisode de vie traumatique en s'affranchissant tant de la linéarite chronologique que du réalisme.
En effet, dans sa partition pour un comédien, Marien Tillet, alternativement personnage du médecin et interprète des autres protagonistes, intervient également en narrateur en adresse interactive au public pour le suggestionner et le dérouter en brouillant, à l'aune de l'onirisme, les frontières du réel, de la réalité et du souvenir refoulé et susciter le fantastique.
Hors de tout procédé scénographique sophistiqué et sans recours à l'image, seuls les lumières crépusculaires de Samuel Poncet et le dispositif sonore d'Alban Guillemot, ainsi qu'une contine enfantine faisant office d'horripilant gimmick macabre, participent à l'élaboration d'un environnement propice à la projection fantasmatique du spectateur.
Sur scène, jonglant avec des petites bouteilles d'eau, avec la symbolique de l'eau comme élément de purification et de renaissance, Marien Tillet dispense avec brio et sagacité une étrange cérémonie qui s'inscrit à l'actif de sa Compagnie Le cri de l'armoire dédiée à l'esthétique de l’étrange et à la perception de la réalité. |