"Si nous voulions nous voir encore. Pourvu qu’on ait pensé à vivre du regard, à l’autre, juste là, qui va au cinéma, lui, de sorte qu’il nourrisse nos doutes et puis nos poésies."

Parfois, il est préférable de ne pas trop chercher à comprendre, de trop intellectualiser. Nous pourrions tourner les choses dans tous les sens, parler des débuts dans les musiques improvisées mais qu’importe au fond.

Il y a quelque chose d’impalpable dans ce disque comme un funambule sur son fil. Une liberté de ton et de forme et d’esprit, si proche du label Le Saule, qui évoque spontanément une certaine poésie. Forcément. Foncièrement. Un disque un peu déboussolé, mais qui parle du monde, des gens, de déplacements humains. Des apprentis sorciers, des artisans qui font une musique qui n’appartient qu’à eux.

Une musique brute et lancinante, un peu tarabiscotée comme la torsion d’un blues du Maghreb avec des tourneries répétitives et un chant habité comme un mantra, presque incantatoire. Et puis il y un amour pour le verbe, pour les jeux de sonorités et de rythmes qui n’occultent pas une vraie précision et une écriture minutieuse. Reste juste à se laisser aller à l’écoute de cette musique.