Voilà un disque où la notion de jeu est indéniablement présente. Jeu de sonorités (entre le piano, le piano préparé, l’électronique), d’atmosphères (introspectives, mélancoliques, lunaires ou plus joyeuses), de mélodies (dissonances, lyrisme, enchaînements modaux ou tonals) ou de rythmes.
Attention, rien de facétieux ici mais plutôt un jeu spirituel (réservé à tout le monde). Comme l’indique le pianiste : "un monde qui n’est absolument pas binaire (...) les timbres en contraste, les tableaux se succèdent, on passe de moments musico-climatiques presque statiques à des mélodies aisément reconnaissables en passant par des transes percussives entre l’urbain et le contemporain. C’est doux et brutal, rude et gentil. Parfois simultanément".
Tout est dit. L’écriture et la vision esthétique du pianiste participent à la réussite de ce disque. "L’instrument passe d’un état pur et immaculé à une condition de corrompu et déluré. Plus concrètement, la pièce Kings & Bastards est construite en deux temps distincts, un moment de piano préparé baigné d’électronique suivi d’une partie où le piano redevient "naturel". Les deux pôles se passant le relai au point de bascule, quand les objets s’envolent et le piano se révèle".
Il passe en revue la palette des expressions, nous fait voyager, rire, planer, aimer, sourire et pleurer. Comme un double endiablé entre les paires Scriabine / Cage et Messiaen / Chostakovitch. On tend parfois l’oreille pour écouter la moindre parcelle, le grain, la texture sonore. Tout se mélange, tout s’assemble. Ce n’est pas le piano ou le pianiste qui est au centre de ce disque mais la(es) musique(s). Tout un monde, tout son monde... Superbe. |