S’il est d’abord reconnu pour son magnifique opéra Freisschütz, Karl Maria von Weber (1786-1826) s’est distingué dans tous les domaines de la musique (musique symphonique, œuvres pour piano, musique de chambre, lieder, œuvres chorales) et a assis sa renommée grâce à des orchestrations soignées, un charme racé avec quelque chose de champêtre. Son attirance pour la nature, le féérique et le fantastique font de lui l’un des premiers romantiques allemands. Il sera l’un des premiers grands musiciens romantiques allemands à s’opposer au monopole de l’opéra italien et annoncera ceux de Wagner.
Il y a beaucoup de poésie chez Karl Maria von Weber, une certaine idée de la liberté, comme une fougue, un lyrisme ou du romanesque et une réelle envie d’être à la fois de son temps et d’avoir une écriture visionnaire et précurseure. C’est tout cela que l’on retrouve dans sa musique et dans ce disque avec la Symphonie n°1 et dans le Concerto n°2 pour clarinette, dans celui pour cor ou pour celui très rare pour harmonichord et interprétés par de grands concertistes : Nicolas Baldeyrou, David Guerrier et Thomas Bloch.
Dans le concerto pour clarinette, Weber y joue avec les possibilités techniques nouvelles de l’instrument : plus de couleurs, une plus grande vélocité, un plus grand ambitus, alliance de timbres avec les instruments de l’orchestre que l’on retrouve également dans la Symphonie n°1. Une virtuosité et des difficultés techniques que l’on perçoit également dans le concertino pour cor. L’adagio et rondo en fa joué ici à l’harmonica de verre a été composé pour harmonichord.
L’harmonichord est un instrument rare et atypique, comme l’alliance entre un piano et un violon, une sorte de piano droit dans lequel les cordes sont mises en vibration non par les marteaux mais par un frottement indirectement transmis par un cylindre de cuir sur les cordes donnant aux sons des effets aériens. Nous rajouterons ici l’effet céleste que confère l’harmonica de verre.
Quant à la Symphonie n°1, elle est le reflet d’un compositeur en pleine mutation esthétique et démontre toutefois beaucoup de promesses quant à la manière dont il traitera plus tard les passages pour orchestre dans ses œuvres de théâtre. Sa nature mélodieuse rappelle aisément à l’auditeur le penchant du compositeur pour l’écriture lyrique. Le premier mouvement est en forme de sonate et montre à quel point Weber avait déjà compris le sens symphonique. Son don pour la mélodie brille à travers tout le mouvement. Mais c’est dans le second mouvement, Andante que Weber montre ce qui éclatera vraiment plus tard : son talent pour le dramatique.
Le troisième mouvement est un scherzo avec une partie importante de hautbois. Le final est un mouvement énergique en forme de sonate qui achève la symphonie. Weber a reconnu lui-même que sa première symphonie n’était pas ce qu’il avait écrit de mieux, pourtant elle reste un moment fort agréable de musique. Dans toutes ces pièces, l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté sous la direction de Jean-François Verdier se montre toujours précis dans les dynamiques et les couleurs. Il n’est pas nécessaire de parler de la qualité des solistes ! Un beau disque donc ! |