Hymne à l’adhésion sensuelle au monde malgré son silence, L’Odyssée boucle en majesté la trilogie amorcée avec le disque Album en 2008 et poursuivie six années plus tard avec Le Printemps. L’Odyssée est un album à écouter du début à la fin comme on lit une histoire. Si Album tenait du manifeste vital d’un homme attaché à rencontrer ses racines, sa famille et Le Printemps contait voyages, rencontres et femmes, L’Odyssée est, selon l’auteur, le disque de la confirmation de l’intuition, du "retour à Ithaque".

Au moment de concevoir ce nouveau cycle de chansons, Julien Bensé s’est replongé dans la lecture de quelques-uns de ses maîtres à penser et à vivre. La folk synthétique et sobre de son nouvel album a été enregistrée par l’artiste seul dans son home studio. Avec cet opus, l’artiste encourage l’auditeur à se plonger corps et âme dans une musique lettrée qui nécessite une écoute active et attentive.

Venu du pop rock, l’artiste touche-à-tout a toujours privilégié une approche empirique de la musique. Autodidacte, ce multi-instrumentiste continue d’approcher le son avec son intuition. Ici, il a fait le choix de s’armer d’une vieille guitare, d’une basse, de claviers vintage et d’une vieille boîte à rythmes pour construire son album.

L’Odyssée se caractérise aussi par une palette vocale extrêmement large, qui résulte du temps passé sur le disque, enregistré en trois mois à la maison. De l’ensemble en résulte un disque viril et sensible, profondément marqué par son époque, un peu plus dépouillé que ses disques précédents.

Julien Bensé nous propose dix titres, remarquables de part la profondeur des textes, parlant à la fois de terrorisme et d’idéalisme platonicien. Pour l’auteur, il représente un manifeste pour une hygiène de vie spirituelle dans un monde sans sens. Conscient que la fin des temps est programmée, cet album chante une réconciliation avec l’espèce humaine par l’entremise de la poésie.

C’est donc un bien bel album que nous offre l’érudit Julien Bensé, un charmant voyage vers Ithaque.