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Gilles David Perez  (Editions Pont 9)  avril 2018

Pour son sixième roman, Gilles David Perez annonce la couleur dès le titre : il y aura de l'amour et du sexe. Il aurait pu ajouter que le vin blanc coulerait autant à flot que le sperme et tant qu'à faire, il aurait pu y ajouter un autre flot, lacrymal cette fois.

Car, derrière un titre paillard et provocateur, se cachent un homme et un écrivain blessé, tous les deux déçus de n'être pas plus aimés que lus. Pourtant il suffit de lire quelques pages de "Roman d'amour avec scènes de sexe explicites" pour se convaincre que ce ne sont pas les prouesses d'un gymnaste du coït qui frappent, mais sa manière tout à lui d'écrire, le plaisir qu'il prend à chaque phrase de l'ajouter à la précédente et de lui joindre la suivante.

Oui, Gilles David Perez avant même d'être un romancier est d'abord un "phraseur". Comme un peintre, qui préfère le trait ou le geste de peindre au résultat final, il aime poser des mots pour faire une phrase, une belle phrase qui pourrait se suffire à elle-même. Ils sont rares à atteindre ce résultat. Il y a Patrick Modiano pour le meilleur, Laurent Gaudé pour le pire.

Au fond, pas besoin de lire leurs livres, il suffit d'en extraire quelques phrases et, comme une phalange fossilisée permet de reconstituer un tyrannosaure de dix mètres de long, à partir d'un de leurs paragraphes, voire de quelques mots, on pourrait les reconstruire.

Dès la page 5, on est saisi par une proposition comme : "Le ciel est d'un bleu intense, traversé de mouettes silencieuses". Plus loin, page 27, c'est tout le paradoxe des pensées ferroviaires qui prend forme sous la plume de Gilles Perez, par ailleurs philosophe : "Des filaments de souvenir, plus lents, presque fixes, se superposaient aux champs, aux masures, aux balles de foin coupé qui filaient de l'autre côté de la vitre".

En lisant cette prose, un mot dont l'époque se méfie vient logiquement pour la qualifier : lyrique. Ce roman annoncé comme trivial n'est pas celui d'un jouisseur professionnel, d'un érotomane performant. Non, c'est celui d'un amoureux du mot, surtout quand il permet de décrire la chose.

Tellement avide de savourer les mots des choses qu'il prend son temps, tel un gourmet qui sait que l'appétit implique de l'attente, pour en venir à ces fameuses "scènes explicites". Et, quand on y est enfin, presque gêné d'être entré dans l'intimité débonnaire de l'auteur, il se fait poète : "Mes mains émerveillées ont parcouru le paysage de sa peau" (page 30

Ce n'était donc que ça ! Pas un roman olé olé où les figures convenues de l'amour se succèderaient numérotées, même si la propension de l'auteur à oeuvrer avec sa langue doit être signalée pour expliquer pourquoi il manque logiquement de temps pour d'autres prouesses. C'était en réalité un roman d'amour quasi courtois, fondé peut-être à tort sur le sexe.

Bien entendu, l'auteur a promis dans son contrat des "scènes" et il est bien obligé d'en donner. Il le fera d'ailleurs sans renâcler tant que sa partenaire y consentira et l'on suppose que les amateurs de mécanique amoureuse ne seront finalement pas trop déçus.

Malgré tout, les indices sont nombreux pour prouver qu'il n'est pas un pornographe. Par exemple, dans les scènes d'amour se glissent des phrases qui préviennent que pour lui, à l'inverse de Jacques Rigaut, le plaisir n'est pas sérieux. Que l'on juge par celle-ci : "Sa bouche avait un goût de crème pâtissière" (page 88), voire celle-là : "Je l'embrasse autant avec mes lèvres qu'avec la pointe frémissante de mes narines" (page 75).

Sensuel et sans suite disait Gainsbourg dans une chanson. C'est un peu le cas désespéré de Gilles David Perez qui souscrirait volontiers à cet autre adage gainsbourien murmuré dans "Je t'aime, moi non plus" : "l'amour physique est sans issue".

Pas comme le jardinage (page 92 : "Sur ma terrasse, je fais pousser du bambou, un citronnier, un olivier") ou la boisson version alcool triste ("je m'abîme dans mon verre de vin, dans la torpeur qui me gagne, dans une douleur poisseuse comme la musique").

Il n'y a pas d'amour avec scènes de sexe explicites heureux, comme l'affirmait Aragon. Gilles David Perez, dans ce court mais ultra-dense roman, le confirme.

Ceux qui l'auront accompagné dans quelques-unes de ses désespérées parties de jambes en l'air en sirotant pour l'imiter un "excellent vin blanc" (dont on ne connaîtra hélas pas le cépage) en conviendront. Ils conviendront aussi que "Roman d'amour avec scènes de sexe explicites" de Gilles David Perez est un vrai beau livre d'un écrivain qui ne doit surtout pas s' arrêter d'écrire, de boire et de faire l'amour.

 

Philippe Person         
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# 11 avril 2021 : Culture en résistance

Nous avons rencontré des acteurs du monde de la culture pour évoquer leurs situations mais aussi l'avenir. Le replay intégral est à voir dès maintenant sur la TV de Froggy's Delight. Pour le reste, voici le programme de la semaine. Et surtout, restons groupés.

Du côté de la musique :

"In time Brubeck" de Duo Fines Lames
"Navegar" de Joao Selva
"Le style (avec Guillaume Long et Flavien Girard" la 8ème émission de Listen In Bed
"Dusk" de Paddy Sherlock
"Live at the Berlin philarmonie 1969" de Sarah Vaughan
Les petites découvertes de la semaine en clips avec : Hanna & Kerttu, Texas, A Certain Ratio, Johnny Mafia, Chevalrex + Thousand
et toujours :
"Caillou" de Gisèle Pape
"Sauvé" de It It Anita
"Goes too far" de Olivier Rocabois
"Morricone stories" de Stefano Di Battista
"Le fruit du bazar" de Alex Toucourt
"Bento presto" de Caribou Bâtard
"De mort viva" de Sourdure
"Mistake romance" de Tristan Melia
"Courtesy of Geoff Barrow : Unsung Heroes" le mix #18 de Listen In Bed
Des petites découvertes en clip : O' Lake, Luwten, Corentin Ollivier, Ghern et Old Caltone

Au théâtre au salon :

avec les captations vidéo de :
"La passion selon saint Matthieu" de Bach par Romeo Castellucci
"War sweet war" de Jean lambert-Wild
"Les Sœurs Macaluso" d'Emma Dante
"Monkey Money" de Carole Thibaut
"Une heure de tranquillité" de Florian Zeller
"Le Dernier jour du jeûne" de Simon Abkarian
"La Ronde" de Boris Charmatz

Expositions :

en virtuel :
"Le Grand Tour, voyage(s) d'artistes en Orient" au Musée des Beaux-Arts de Dijon
"La Fabrique de l'Extravagance" au Château de Chantilly
"La Police des Lumières" aux Archives nationales
"D'Alésia à Rome" au Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
"Pompéi, un récit oublié" Musée de la Romanité à Nîmes
et un documentaire : "Les trésors des hôtels particuliers : Du Marais aux Champs Elysées"

Cinéma :

at home :
"Où vont les chats après 9 vies ?" de Marion Duhaime
"Stuck Option" de Pierre Dugowson
"La fête est finie" de Marie Garel-Weiss
"1991" de Ricardo Trogi
"Généalogies d'un crime" de Raoul Ruiz
"L'été de Kikujiro" de Takeshi Kitano
"Le retour de la panthère rose" de Blake Edwards

Lecture avec :

"Elmet" de Fiona Mozley
"Le savoir grec" de Jacques Brunschwig, Geoffrey Ernest Richard Lloyd & Pierre Pellegrin
"Seul entouré de chiens qui mordent" de David Thomas
"Sur la route, vers ailleurs" de Benjamin Wood
et toujours :
"Biotope" de David Coulon
"Ces petits riens qui nous animent " de Claire Norton
"Dernières nouvelles de Sapiens" de Silvana Condemi & François Savatier
"Eat, and love yourself" de Sweeney Boo
"Giants : Brotherhood" de Carlos & Miguel Valderrama
"L'art du sushi" de Franckie Alarcon
"L'île sombre" de Susanna Crossman
"La rivère des disparues" de Liz Moore
"Pourquoi le nord est-il en haut ?" de Mick Ashworth

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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