C’est aussi l’heure de la rentrée littéraire chez les éditions Métailié qui sont spécialisées notamment dans la littérature sud-américaine. Cela nous offre toujours de charmantes destinations exotiques et de très belles découvertes litérraires, confirmant que la littérature sud-américaine est riche d’auteurs magnifiques.
Avec Leonardo Padura et son dernier ouvrage, La transparence du temps, les éditions Métailié nous offre un voayge en première classe, destination l’île de Cuba, ancien fief de la famille Castro. Leonardo Padura est un auteur cubain, romancier, essayiste, journaliste et réalisateur de scénario pour le cinéma.
Son personnage principal, Mario Conde, est sur le point de devenir un sexagénaire. Ex-flic, il broit du noir dans une vie morne jusqu’au jour où il recoit un coup de fil d’un ancien camarade de lycée qui va réveiller en lui ses vieux instincts. Boby lui demande de retrouver (au nom de leur amitié mais aussi contre une somme d’argent importante) une mystérieuse statue de la Vierge noire que lui a volé un ex-amant un peu voyou.
Pour mener à bien ses recherches, Conde va devoir s’intéresser au milieu des marchands d’art de La Havane. Il va découvrir leur fonctionnement, se rendre compte des mensonges et hypocrisies qui entourent ces marchands qui profitent de l’ouverture cubaine à l’international. En même temps, il va aussi découvrir l’envers du décor des belles plages cubaines, celle des bidonvilles miséreux qui pullulent en banlieue de La Havane, où survit notamment toute une population de migrants venus de Santiago.
Au fil des ses recherches et de son enquête, les cadavres s’accumulent et la Vierge noire s’avère plus puissante qu’elle n’y paraît, traversant les siècles et la grande Histoire, protégeant croisés et corsaires dans les couloirs du temps. Conde, aidé par ses amis qui lui préparent un festin d’anniversaire somptueux se retrouve embarqué dans un tourbillon historique.
La construction de l’ouvrage est faite autour de l’enquête de Conde, aidait par ses amis mais aussi autour de l’Histoire de cette Vierge noire que l’on suit au travers de ses origines et de son parcours dans l’espace et dans le temps. On retrouve alors Leonardo Padura et son immense talent pour nous proposer des ouvrages historiques. A ses superbes descriptions de La Havane qui inondent le livre s’ajoute l’évocation de périodes historique détaillées comme la guerre d’Espagne ou les croisades. La trame policière de l’ouvrage s’intègre parfaitement dans l’Histoire mouvementée de cette Vierge noire au cours de l’Histoire.
En même temps, on prend plaisir à découvrir l’île de Cuba. Il se dégage de cet ouvrage des effluves de rhum pour mieux nous enivrer mais aussi pour assumer plus facilement le spleen qui se dégage de ses écrits concernant sa ville et son île.
Leonardo Padura n’est pas tendre avec son île et ceux qui l’ont dirigée, son ouvrage est là pour le confirmer. La transparence du temps est le témoin d’une réalité cubaine, une sorte de photographie précise de sa société, un témoignage réaliste des maux de Cuba.
La transparence du temps s’avère donc être un grand texte, puissant et maîtrisé, où la grande histoire vient percuter la petite, qui dresse un portrait sans concession d’une île qui a subi une révolution sans vraiment en profiter, une île pour laquelle l’auteur nous montre brillamment l’amour qu’il lui porte malgré ses maux. |