Spectacle conçu par le Collectif OS’O écrit par le Collectif Traverse et interprété par Jérémy Barbier d’Hiver (Logan De Carvalho en alternance), Moustafa Benaïbout, Roxane Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Marion Lambert et Tom Linton. Le Collectif OS'O (Roxanne Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Marion Lambert et Tom Linton) écume depuis quelques années le champ politique et social moderne afin d'y dénicher des sujets d'actualité transposables sur scène. Précédemment, par exemple, les cinq fondateurs du Collectif s'étaient intéressés à la Dette.
Cette fois-ci, ils ont confié à un autre Collectif d'auteurs, le Collectif Traverse (Adrien Cornaggia, Riad Gahmi, Kevin Keiss, Julie Ménard, Pauline Peyrade, Pauline Ribat et Yann Verburgh), un projet sur les dangers du Net, avec des concepts dont on entend parler sans trop savoir ce que c'est (Deep Net, Dark Net) et qui vont prendre grâce à eux une réalité pour tous les spectateurs accros ou pas à la modernité des réseaux virtuels.
D'emblée, même si on ne les connaît pas encore, on comprend que les acteurs du Collectif OS'O manient parfaitement la déraison et la dérision dans un préambule sous forme de sketchs d'un stand-up qui aurait pour une fois des résonances situationnistes.
Apparaît ensuite la scène, un carré aux bords blancs lumineux, dans laquelle va se dérouler l'action. En combinaisons bleus sous une lumière bleue ou bien en habits de ville, les sept protagonistes vont construire une histoire de "science fiction" qui prend peu à peu des airs de "réalité fiction".
Pendant deux heures vingt, on va traverser le miroir du net, avec ses hackers et ses pirates, ses profiteurs et ses légendes urbaines. On y verra, entre autres, des cybercriminels, des flics basiques pour pourrir la vie de gentils rêveurs genre groupe de Tarnac, des génies du virtuel voulant reconstruire Palmyre détruite.
Ponctué de trouvailles visuelles, le récit de "Pavillon noir" tente d'éviter l'écueil du didactisme, mais souvent au prix d'effets qui le rapproche dangereusement d'un gigantesque jeu vidéo.
Sans doute trop long, avec une matière trop riche, "Pavillon Noir" aurait pu se dispenser de quelques séquences comme celle de l'irruption de "vrais pirates" façon Jack Sparrow qui alourdissent l'action.
C'est dommage car le travail du Collectif OS'O est vraiment remarquable. De la scénographie créative d'Ingrid Petitgrew, aux lumières raffinées de Jérôme Papin, aux nombreux et divers costumes d'Aude Désigaux et aux maquillages remarquables de Carole Anquetil.
Les sept acteurs (les membres du Collectif OS'O ainsi que Jérémy Barbier d'Hiver et Moustafa Benaïbout) ne ménagent pas leurs transformations et parviennent à donner à l'ensemble un petit côté bédé/Club des Sept qui est assez réjouissant.
S'ils apprennent à "en faire moins" et qu'ils continuent de pointer leur regard aiguisé sur le monde à venir, il faudra vite compter sur le Collectif OS'O pour titiller les maux des époques futurs. |