Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Edmond Rostand interprété par Nicolas Devort avec la collaboration artistique de Clotilde Daniault. "Dans la peau de Cyrano s’ouvre dans un collège comme il y en a tant d’autre, où un nouvel élève fait sa rentrée. Il s’appelle Colin. Un adolescent comme il y en a tant d’autre également, légèrement vouté, quelque peu timide, un brin rêveur accroché à sa guitare et surtout pas mal cabossé par la vie.
Il a perdu son papa et voilà que comble de malheur, il s’est mis à bégayer. L’année s’annonce déjà difficile mais on lui colle de surcroît les ateliers de théâtre. Obligé de faire face à ses peurs il va alors faire la rencontre de Cyrano, son panache, sa verve au-devant de sa difformité et, grâce au soutien bienveillant de son professeur de français et de ses camarades, endosser petit à petit la peau de ce héros qui va lui prêter ses mots et son courage pour enfin se révéler et pourquoi pas, s’accepter.
Seul en scène, Nicolas Devort endosse lui aussi, comme Colin ou Cyrano, la peau de multiples personnages, mais il pousse l’exercice dans ses derniers retranchements, interprétant sans aucune pause ni changement de costume plus de 6 ou 7 rôles.
Un froncement de sourcils, un tombé d’épaules, un placement du bassin, une moue bien sentie et il se transforme sans plus d’artifice en professeur paternaliste, en psychologue scolaire très Catherine et Liliane, en ado boutonneux, en petite frappe gouailleuse ou en princesse maniérée.
Cette jonglerie incessante pourrait donner le tournis mais, grâce au talent et au plaisir communicatif de ce comédien hors pair, il transmet au contrainte au spectacle un rythme et une tournure plutôt jouissive.
Si l’ombre du héros de Edmond Rostand plane tout au long de la pièce, il n’est que prétexte à aborder les thèmes qui ont fait son succès : peur du regard de l’autre, valorisation excessive des apparences, difficulté à s’accepter et encore plus à se livrer, impossibilité d’exprimer ses sentiments envers ceux qui nous sont le plus chers…
Dans un espace volontairement vide et nu qui fait la part belle au corps, Nicolas Devort signe un spectacle habile et enjoué, qui oscille sans cesse entre humour et poésie et embarque le spectateur avec trois fois rien dans son univers. Le ton est juste, l’énergie est réelle.
Bravo.
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