Monodrame de Rainald Goetz interprété par Thierry Raynaud dans une mise en scène de Hubert Colas. "Chambre. Cri strident. Eclair d’éclair de lumière. Chaise de bureau. Corps masculin en état de décomposition" : tel Le dramaturge allemand contemporain Rainald Goetz définit son opus intitulé "Kolik".
Une assertion que conforte Hubert Colas, qui en signe la mise en scène et la scénographie, indiquant que ce monodrame retrace la situation de "l’individu face à lui-même au moment de sa mort" et d'"un corps traversé par l’espérance d’une vie retrouvée, débarrassée de toute l’appréhension du monde qui l’entoure".
Dans un plateau-black cube, un homme assis devant une table recouverte de verres à shot avec, à sa gauche, un micro d'enregistrement, et dont la silhouette en négatif apparaîtra progressivement en fond de scène au film d'une lumière d'intensité lumineuse crescendo avant un noir complet, se répand en éprouvants soliloques. Car "Kolik", mot allemand homonyme et synonyme de colique, synthétise la forme élocutoire de cette partition monologale qui se présente comme une diarrhée verbale, à peine interrompue par un verre bu, placée sous le signe du délire mathématique avec un irrépressible enchaînement de phonèmes puis de phrases selon le procédé de la concaténation linguistique et la ratiocination qui n'est pas sans évoquer la manière beckettienne des "Cap au pire" et "La dernière bande". Porter sur scène ce texte, souvent abscons, implique, outre une faculté de mémorisation hors du commun, une exceptionnelle maîtrise du dire qui ressort à la performance. Et Thierry Raynaud la dispense une prestation magistrale.
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