Comédie dramatique conçue et mise en scène par Muriel Coulin d'après des textes de Charlotte Salomon et David Foenkinos, avec Joël Desault, Yves Heck, Jean-Christophe Laurier, Marie-Anne Mestre, Mélodie Richard et Nathalie Richard.
Charlotte Salomon née en 1917 eut un destin fulgurant et créa une oeuvre singulière composée essentiellement de dessins et de textes, qu'on retrouva à Villefranche où elle se réfugia avant d'être arrétée et déportée à Auschwitz, où elle mourut en 1943.
A partir du roman de David Foenkinos, Muriel Coulin propose avec "Charlotte" sa vision de la vie de Charlotte Salomon. Dans une scénographie à la fois légère et lugubre d'Arié van Egmond, à qui l'on doit également le travail vidéo efficace, se récrée à la fois le foyer familial et l'univers mental de Charlotte.
Celle-ci, souvent à un micro à la droite de la scène, fait entendre ses pensées intimes et sa poésie. Des dessins ou des images d'archives sont projetés sur les voiles encadrent le lieu de cette douloureuse histoire.
Marquée par une enfance dans une famille où les femmes se suicident, Charlotte va rapidement vouloir créer "quelque chose de vraiment fou et singulier" pour échapper à cette malédiction. C'est le début de son oeuvre colossale.
Les personnages sont tous interprétés avec gravité et talent par une troupe investie. On appréciera particulièrement, en dehors de Charlotte bien-sûr, l'interprétation remarquable de Nathalie Richard dans le double rôle de la mère et de Paulinka Bimbam, la belle-mère.
"Charlotte" alterne les moments d'émotion et de monotonie. Le spectacle touche autant qu'il déconcerte, faute sûrement de partir dans plusieurs directions à la fois.
Il reste un portrait sensible d'une artiste singulière dominé par la prestation absolument éblouissante de Mélodie Richard dans le rôle de Charlotte, vibrante et écorchée, qui passe du mutisme au déchainement et dont chaque scène tient captivé.
Une interprétation marquée du sceau de l'excellence. |