Comédie écrite par la Compagnie de l'Absinthe, mise en scène de Wilhem Mahtallah, avec Alexandra Branel, Alix Kuentz, Wilhem Mahtallah, Jean-Denis Marcoccio, Raphaël Plockyn, Eve Saint-Louis et Lucie Tarrade. Une pièce de théâtre, "Versailles, le palais des venins" se prépare, emmenée par son auteur et metteur en scène Jacques Guerrera-Costes (Alix Kuentz, excellent). C'est l'occasion d'assister à la fabrication du spectacle et d'entrer dans ce monde particulier avec ses acteurs.
Après le prometteur "Diluvienne - Paroles d'encre", leur précédent spectacle, William Mahtallat et la Compagnie de l'Absinthe ont choisi un ton beaucoup plus léger pour parler de l'univers des planches. C'est vers la comédie déjantée qu'ils se sont tournés, empruntant un chemin déjà bien fréquenté, notamment par les jeunes compagnies.
Avec un ton résolument décapant, la compagnie propose donc une exploration du processus de création d'un spectacle. De l'audition à la recherche de salles en passant par les rapports des comédiens avec le metteur en scène ou entre eux, avec un humour au vitriol, ils ne cachent rien des dessous du métier.
On ne leur en voudra pas pour les quelques spectateurs malmenés sur scène, qui feront le plaisir (et le soulagement) du reste de la salle. On sera en revanche plus sévère sur le manque de finesse dans l'écriture (venue sans doute de l'écriture de plateau). Mais si on accepte cet humour potache et une certaine facilité, on passera un bon moment avec des personnages parfaitement campés.
Montrant tous les à-côtés du métier, les errements et les balbutiements, avec sa succession de scènes de répétitions, le spectacle devient parfois inévitablement redondant et s'enlise un peu, manquant de rythme à quelques moments.
Qu'importe, l'attente est finalement récompensée avec la représentation finale dont on a pu suivre tous les préparatifs et qui part rapidement dans la cinquième dimension dans une folie jubilatoire et complétement réussie qui cristallise tout le délire accumulé des personnages et de la mise en scène de Jacques Guerrera-Costes.
Dépeignant les cuisines d'une pièce avec excès et talent, n'occultant rien des des comportements du théâtre, "Merci" dénonce avec pertinence certaines dérives comme l'exploitation des jeunes compagnies ou les mises en scènes absconses des artistes "émergents".
Il permet enfin et surtout à une brochette de très habiles comédiens d'éclater avec talent dans un délire totalement assumé, qui fait certes grincer des dents, mais peut aussi se révéler franchement hilarant. |