Il est des albums, des EP, des morceaux de musique (comme d’autres œuvres d’ailleurs) qui se laissent facilement apprivoiser et dès le premier contact, on est séduit, on comprend la démarche, on peut s’abandonner. Cela ne préjuge en rien bien sûr de la qualité de l’œuvre.
Il est, à l’inverse, des œuvres avec lesquelles la rencontre va être beaucoup plus longue, difficile, comme si elles se faisaient désirer ou parce que nous ne sommes pas prêts.
Comme le froid de Kerguelen fait partie de cette catégorie. Les 5 titres se méritent et, comme un périple sur la banquise, immergé au cœur du "Blanc" de la neige et de la glace, dans un premier temps, on ne distingue rien de précis, les contours restent flous.
C’est "Blanc", à perte de vue, comme la musique de Kerguelen peut sembler "uniforme". En effet, cette musique trip-hop et ce spoken word, semble assez abstrait à celui qui ne souhaite pas s’y aventurer. Une succession de basse, de claviers. Je me suis aventuré dans ce paysage, qui m’était jusque là inconnu par curiosité et contrairement à ce que l’on dit, la curiosité une belle qualité.
Il ne faut pas avoir peur de grimper quelques petites montagnes ou se laisser surprendre et tomber dans un abîme, cachée par le blanc et s’y abandonner avec délectation.
Un riff ici, une partie de piano là ou encore un refrain, une partie de chœur qui font la singularité de cette musique. Ce chant, quasi hypnotique qui parfois s’emballe ("Noir") ou nous envoûte ("Nos pas dans la neige") et avec lequel nous voyageons sur cette banquise avec des chansons qui ne sont pourtant ni froides et inhumaines, bien au contraire.
Comme le Froid s’inscrit dans la suite d’Exile, le précédent opus de Kerguelen.
Cette singularité de la musique de Kerguelen tient sûrement à la manière dont compose Alex, toujours en mouvement, sur son iPad, évitant le confort, se remettant perpétuellement en question. De là, naît forcément, un univers singulier.
Alex, à l’origine de ce projet, compose et joue également au sein de Alex BBH, il compose de la musique à l’image (pour les néophytes, il crée des bandes-son pour des documentaires ou des films) et travaille, notamment pour Guillaume Foirest et son film 7ème ciel.
Cet EP est clairement un très bel EP. Il ne faut pas hésiter une seule seconde : achetez-le, faites le tourner, encore et encore, il le mérite amplement !
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