Weezer (Black Album)
(Crush Music / Atlantic) mars 2019
"Noir c’est noir il n’y a plus d’espoir…" Pour son nouvel album, Weezer a choisi, après le bleu, le vert, le rouge et le blanc, le noir. Normalement, quand le groupe donne le nom d’une couleur à son disque, c’est plutôt bon signe. Pour le noir, c’est loupé, archi loupé même.
Bien que ce disque soit peut-être le plus bassement pop, dans le sens d’une pop FM tendance rotations lourdes, absence d’écriture musicale et mélodies guimauves, cette couleur noire semble bien être celle du deuil. Le deuil de ce groupe que nous avons tant aimé, les quatre premiers albums quand même… et quelques bonnes chansons par-ci par-là, mais de moins en moins, au sein de disques de plus en plus médiocres.
Nous ne parlerons pas de l’album de reprises (Teal Album), sorti il y a quelques semaines, qui dépasse l’entendement. Nous pensions avoir touché le fond. Avec ce nouveau disque, le groupe prouve qu’il a encore de la marge et peut encore creuser. Pas grand-chose à sauver dans ce naufrage. On a encore des frissons d’angoisse en repensant à "Can’t Knock The Hustle", "Living In L.A." et son refrain piqué à Police, "Zombie Bastards", "Byzantine", "Piece of cake", "The Prince Who Wanted Everything"...
Après quoi court Rivers Cuomo et sa bande ? Une éternelle jeunesse gagnée auprès de nouveaux fans (jeunes) mais au prix de son intégrité musicale ? A s’auto parodier ? Après l’argent en baissant son pantalon et en se mettant dans la position du petit lapin qui broute ? A piquer les fans de Maroon Five, Ed Sheeran ou Imagine Dragons ? Le pire, c’est qu’il y a toujours ce sens mélodique indéniable mais perdu dans des compositions vulgaires et une production beaucoup trop massive. Pourtant, au milieu de tout cela se cache deux titres : "High As A Kite" et dans une moindre mesure au cynique "I’m Just Being Honest". Preuve que le groupe est encore capable d’écrire de bonnes chansons.
Pour Prince, son Black album était maléfique, Pour Jay-Z, il aurait pu être de magnifiques adieux, pour Metallica le black album avait été celui de la consécration, mais quelque part aussi le début de la fin. Pour Weezer, il ne sera ni maléfique (quoi que...), ni magnifique, ni une consécration. Il sera juste une purge.
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