Comédie de Richard Brinsley Sheridan, mise en scène de Anne-Marie Lazarini, avec Alix Benezech, Cédric Colas, Charlotte Durand-Raucher, Philippe Lebas, Thomas Le Douraec, Bernard Malaterre, Willy Maupetit, Sylvie Pascaud, Catherine Salviat et Marc Schapira.
Entre Shakespeare et Oscar Wilde, on a l'impression vu du côté français que le théâtre anglo-saxon n'a rien produit.
C'est bien sûr une illusion et l'on se souvient du "Bel air de Londres", datant de 1841, de l'irlandais Don Boucicault qui donna à Robert Hirsch l'un de ses plus beaux rôles.
C'est donc avec une grande curiosité que l'on avait envie de découvrir "Les Rivaux", œuvre de jeunesse de Richard Brinsley Sheridan (1751-1816) écrite à 24 ans, qu'Anne-Marie Lazarini a mis en scène sur une adaptation de Sylviane Bernard Gresh et Frédérique Lazarini.
L'action se passe à Bath,station balnéaire prisée depuis longtemps par les Londoniens. La jeune Lydia Languish (Alix Bénézech) a des idées bien arrêtées question mariage, qui déplaisent à sa tante la dyslexique Mrs Malaprop (Catherine Salviat) : elle veut épouser un homme sans fortune.
Elle croit avoir trouvé son idéal avec le beau Beverley (Cédric Colas), qui a l'avantage d'être un simple soldat...Mais, en réalité, il est le capitaine Jack Absolute et son père est Sir Anthony Absolute (Thomas Le Douarec).
Quiproquos, rebondissements et péripéties, héroïne romanesque et personnages truculents sont au programme de la pièce de Sheridan. Il y aura bien sûr, les "domestiques" : Lucy (Sylvie Pascaud) une femme de chambre qui n'a pas sa langue dans sa poche et sait se vendre, Fag (Willy Maupetit), l'ordonnance de Jack aussi astucieux que manipulateur.
Il y aura aussi toute une galerie de caractère croqués comme des caricatures de "Punch", comme le fougueux aristocrate irlandais, Sir Lucius (Marc Schapira), le jaloux Faulkland (Bernard Malaterre),la sage Julia (Charlotte Durand-Raucher) et le sympathique Acres (Philippe Lebas).
Anne-Marie Lazarini a compris qu'il ne fallait pas surcharger la pièce de Sheridan déjà bien roborative et surtout soigner son rythme. Pour cela, elle s'appuie sur la scénographie très mobile de François Cabanat qui utilise comme décor des toiles qu'on tire très rapidement pour indiquer un changement de lieu ou de scène.
Au final, aidée aussi par les costumes de Dominique Bourde évoquant sans lourdeur l'Angleterre du 18ème siècle, elle réussit son pari. On en saura désormais un peu plus sur Sheridan avec peut-être une légère déception sur son propos car on ne peut pas dire que cette histoire de mariage arrangé soit d'une grande originalité.
Sheridan n'est pas Beaumarchais et si l'on a satisfait sa curiosité sur le théâtre anglais, on restera sur le sentiment ou le préjugé qu'on avait avant de voir "Les Rivaux " : c'est une œuvre mineure dont Anne-Marie Lazarini dévoile avec une belle énergie les petits charmes.
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