C’est dans le Lyon de la fin du 19ème siècle que nous embarque Coline Gatel, auteur originaire de Saint-Etienne qui voue une passion pour la Haute-Loire, pays de ses ancêtres. Le lecteur se retrouve dans la capitale des Gaules, en 1897, au moment où de nombreux corps exsangues de jeunes filles sont retrouvés un peu partout dans la ville. Pour la première fois, des scientifiques se lancent dans la recherche du coupable, mettant en pratique, sur le terrain, toutes les avancées acquises en cette fin de 19ème siècle.
Une équipe regroupée autour du professeur Alexandre Lassagne se lance dans l’autopsie des victimes et l’établissement de profils psychologiques des criminels. A la tête de cette équipe, se trouve Félicien Perrier, un des étudiants du professeur, aussi brillant qu’intrigant.
Entouré d’Irina, une journaliste pseudo-polonaise, et de Bernard, un carabin cent pour cent jansénite, Félicien va dénouer, un à un, les fils enchevêtrés, de cette affaire au cœur d’un Lyon de notables, d’opiomanes et de faiseuses d’anges. Petit à petit, le criminel se dévoile, surprenant et inattendu, conduisant le jeune médecin au-delà de ses limites.
L’ouvrage trouvera sans aucune difficulté son public auprès de ceux qui aiment les polars historiques. Il ravira aussi les plus curieux qui s’intéressent à l’histoire de la criminologie, à l’évolution de ses techniques d’investigation. L’ensemble, intrigue et évolution de la criminologie, s’assemble plutôt bien dans l’ouvrage pour former un livre cohérent qui se lit avec plaisir. A cela s’ajoutent des belles descriptions de la ville de Lyon, de ses quartiers au 19ème siècle qui raviront aussi ceux qui connaissent bien cette cité.
Quelques passages peut-être un peu trop noirs, pas forcément d’une grande utilité pour l’intrigue, concernant les scènes de crimes surtout, sont présents dans l’ouvrage. L’auteur a dû vouloir donner une dimension émotionnelle à son livre au travers de ces descriptions, qui fonctionnera sur certains, un peu moins sur d’autres à mon avis.
L’ouvrage a aussi une dimension sociale, en plus de la dimension historique, puisqu’il traite aussi du problème de l’avortement, à l’époque encore interdit en France. Les femmes retrouvées mortes s’avèrent être enceintes et Coline Gatel nous parle des faiseuses d’anges, le nom que l’on donnait aux femmes qui pratiquaient l’avortement illégalement.
Les suppliciées du Rhône est donc une belle surprise, un ouvrage que l’on lit avec plaisir, qui nous renseigne sur une époque, une ville et des nouvelles pratiques scientifiques concernant la criminologie. Je ne connaissais pas Coline Gatel, je suis ravi de l’avoir découverte avec cet ouvrage que je vous conseille vivement.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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