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puce Les gratitudes / Mon père
Delphine de Vigan - Grégoire Delacourt  (Editions Jean-Claude Lattès)  mars 2019

Après la réception de ces deux ouvrages dans la même enveloppe et une fois lus ces deux superbes ouvrages d’auteurs que j’affectionne et que je suis particulièrement, je me suis dit que je pourrais les chroniquer ensemble dans une seule et même chronique, d’autant plus qu’ils sont publiés chez le même éditeur, JC Lattès.

Je me suis d’abord lancé dans l’ouvrage de Grégoire Delacourt, déjà auteur des excellents la liste de mes envies et de La femme qui ne vieillissait pas. Grégoire Delacourt nous propose un ouvrage très différent de ce qu’il nous proposait dans ses ouvrages précédents.

J’ai continué ensuite avec Les gratitudes, le dernier ouvrage de Delphine de Vigan qui poursuit, après Les loyautés, son exploration des lois intimes qui nous gouvernent, en attendant un troisième et dernier ouvrage qui clôturera sa trilogie.

Deux ouvrages qui traitent de sentiments opposés, d’un côté la gratitude et de l’autre la vengeance. Deux ouvrages qui, a priori, n’ont rien en commun, si ce n’est qu’ils sont de grande qualité, qui forment pour autant un très beau duo de lecture, que je vous invite à lire à la suite comme je l’ai fait.

Dans Les gratitudes, un roman d’un peu moins de 190 pages, qui se lit quasiment d’une traite en une petite heure et demi, Delphine de Vigan nous parle de Michka, une femme touchée au cours de sa vieillesse par l’aphasie, qui perd ses mots au fil du livre. Peu à peu, en maison de retraite, elle perd l’usage de la parole et de ses mots, aidée par une jeune voisine dont elle est très proche, Marie et de son orthophoniste, chargé de la suivre, Jérôme.

L’ouvrage est construit autour des témoignages de ces deux personnes, qui nous parlent de Michka, de l’évolution de sa maladie et des regrets qu’elle a de ne jamais avoir pu retrouver le couple qui a caché la petite juive qu’elle était pendant l’occupation pour l’empêcher d’être déportée.

Teinté d’humour, les mots manquants de Michka ou déformés engendrent parfois des quiproquos rigolos. L’écriture de Delphine de Vigan nous montre parfaitement l’évolution de la maladie de Michka. Elle nous montre aussi l’importance du langage dans notre vie de tous les jours.

Les trois personnages du livre expriment donc une gratitude, chacune à leur manière. Michka est une femme attachante, voir ses mots se heurter ou déraper est très émouvant. Les personnages de Jérôme et Marie, enceinte dans l’ouvrage, sont particulièrement touchants. Ils permettent chacun de leur côté et sans se connaître, de mieux nous faire appréhender l’empathie, la vieillesse et la gratitude. Le style et l’écriture de Delphine de Vigan font mouche une fois de plus, elle nous embarque avec une grande facilité. Son livre est juste superbe, de la première à la dernière ligne.

Chez Grégoire Delacourt, on est bien loin du sentiment de gratitude et de l’empathie. Avec Mon Père, il nous propose un ouvrage sur la confrontation entre un père et le prêtre qui a violé son fils. Le temps de 220 pages, le narrateur de Grégoire Delacourt va s’enfermer pendant trois jours dans l’église de celui qui a violé son fils.

L’ouvrage débute sur l’épisode biblique d’Isaac, maintes fois entendu par le père lorsqu’il assistait à son catéchisme hebdomadaire. Ce père est un homme qui a été marqué par son catéchisme juvénile où on lui raconta l’histoire d’Isaac, ce fils offert en sacrifice par son père, finalement épargné et qui, dès lors, se refugiera dans le silence.

S’ensuit alors, et le livre débute véritablement, une scène superbement écrite qui nous évoque l’arrivée du père dans l’église, les violences qu’il commet, le bénitier qu’il descelle pour mieux le briser, les vierges qu’il explose jusqu’à l’arrivée d’un prêtre affolé par la scène de profanation à laquelle il assiste. Le père lui raconte l’histoire de son fils et le prêtre lui explique que son bourreau n’est pas lui mais son prédécesseur qui a été déplacé dans une paroisse de la Meuse à 150 kilomètres.

Le récit se met alors à alterner la vie du père et du fils et sa recherche du bourreau, aidé par le prêtre de sa paroisse. Le père va lors se rendre compte du mensonge du prêtre, qu’il est bien le bourreau de son fils.

L’ouvrage s’engage alors vers un huis-clos étouffant et puissant ; un ouvrage dans lequel on découvre la vie d’un enfant qui bascule après une colonie de vacances organisée et encadrée par des prêtres, des parents qui constatent le changement d’attitude de leur enfant après cette colonie sans imaginer l’impensable qui en est la source, des parents qui découvrent suite à une hospitalisation de l’enfant la vérité et un père qui s’en va en découdre avec le bourreau de son fils.

Le père oblige alors le prêtre à tout lui avouer, dans les moindres détails et les pages où ce dernier raconte et explique son attirance pour les jeunes garçons sont terrifiantes et glaçantes. Le livre nous offre ensuite un face-à-face ébourriffant durant trois jours jusqu’au final époustouflant.

Mon Père est pour moi le meilleur livre de Grégoire Delacourt, du moins celui que j’ai préféré. C’est un ouvrage extrêmement fort qui est en plus au cœur de l’actualité avec la condamnation du père Barbarin à Lyon pour ne pas avoir dénoncé des actes de pédophilie qu’il connaissait. Il sort aussi au même moment que le nouveau film de Francois Ozon qui traite aussi de la pédophilie au cœur de l’église catholique.

Mon Père est un livre dérangeant, un livre qui remue le lecteur avec violence, un livre qui dénonce la pédophilie au cœur de l’église mais aussi les silences coupables qui l’accompagnent. Mon père est un livre de colère qui nous parle de justice, de vengeance et de culpabilité. Mon père est aussi un livre d’amour, d’un père pour son fils, qu’il n’a pas su protéger.

Alors voilà, les éditions JC Lattès nous auront donc proposé en ce début d’année de superbes ouvrages, sur des thèmes différents. Delphine de Vigan et Grégoire Delacourt sont deux valeurs sûres de la littérature française qui ne nous déçoivent jamais.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "Les loyautés" de Delphine de Vigan
La chronique de "La femme qui ne vieillissait pas" de Grégoire Delacourt

En savoir plus :
Le site officiel de Grégoire Delacourt


Jean-Louis Zuccolini         
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# 22 mai 2022 : Culture et vous - A vos agendas !

Il fait beau, il fait chaud, mais il n'y pas que les terrasses dans la vie. La culture bat son plein et, avant que le ciel ne nous tombe sur la tête, il est temps de se montrer curieux pour découvrir les nouveautés de la semaine de la musique et du spectacle vivant ainsi que du cinéma, de la lecture et des expositions.

Du côté de la musique :

"Godowsky - Bach" de Dimitri Papadopoulos
"Being alive" le nouveau mix à écouter de Listen In Bed
Rencontre avec Lofofora
"Des corps dans le décor" de Mauvais Sang
"Litz - once upon a time"
"Misia" de Revue Blanche
"Murmures et rumeurs" de Tom Bourgeois
et toujours :
"J'ai horreur de l'amour" de Bertrand Betsch
"Caroline" de Caroline
"Revenant" de Cascadeur
"Hell stairs" de CDSM
"Unica" de DeLaurentis
"Polar star" de Initiative H
"Fear of the dawn" de Jack White
"The line is a curve" de Kae Tempest
"Zadie Smith" 16ème émission de la saison 3 de Listen In Bed à écouter
"Bassoon steppes" de Lola Descours & Paloma Kouider
"Oan Kim & the Dirty Jazz" de Oan Kim
"Gabril Fauré : Horizons II" de Simon Zaoui, Pierre Fouchenneret, Raphaël Merlin, Parie Chilemme & Quatuor Strada
"Keep on falling" de The Boo Radleys

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Antoine et Cléopâtre" aux Ateliers Berthier
"Feel Good" à la Manufacture des Abesses
"Double Je" au Théo Théâtre
"Tous les marins sont des chanteurs" au Théâtre du Rond-Point
"Cry me a river" au Monfort Théâtre
"Carmen ou presque" au Théâtre Trévise
une reprise avec "Mister Paul" au Théâtre du Petit Montparnasse
et les autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Monnaies & Merveilles" à la Monnaie de Paris
dernière ligne droite pour :
"Aux frontières de l'Humain" au Musée de l'Homme
"Maurice Denis - Le Bonheur rêvé" au Musée Maurice Denis
"Le Monde de Steve McCurry" au Musée Maillol
et les autres expositions à l'affiche

Cinéma :

en streaming gratuit avec :
"Juste la fin du monde" de Xavier Dolan
"La belle époque" de Nicolas Bedos
"Mustang" de Deniz Gamze Ergüven
"Les Eternels" de Zhangke Jia

"Le Traître" de Marco Bellocchio
"It must be heaven" de Elia Suleiman
en salle pour les cinéphiles : "Les Femmes des autres" de Damiano Damiani

Lecture avec :

"De la guerre, Mook 2" de Jean Lopez
"Les routes oubliées" de S.A. Cosby
et toujours :
"Amnistie" de Aravind Adiga
"Le réalisme magique du cinéma chinois" de Hendy Bicaise
"Nobles de coeur" de Marc Alexandre Oho Bambe & Fred Ebami
"Le silence est ma langue natale" de Sulaiman Addonia

Et toute la semaine des émissions sur notre chaine twitch

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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