Antoine Zebra
(Zebramix / Publishroom Factory) mars 2019
Antoine Zebra est un artiste polymorphe, pluri disciplinaire, imprévisible, inarrêtable, boulimique avec un goût du risque (ou d’inconscience) hors norme.
Antoine Zebra, c’est bien évidemment pour la plupart d’entre nous le bassiste de Billy Ze Kick, le DJ qui a donné ses lettres de noblesse au bootleg et l’animateur radio.
Mais c’est aussi un auteur compositeur interprète qui nous a livré une paire d’albums plutôt classes au rang desquels on retrouve un incroyable disque mêlant compositions, reprises et bagad breton mais aussi des disques de chansons pop de belle tenue, chantées en français et gentiment snobées par le métier et par le public.
Antoine, c’est aussi un one-man-show, des interventions hebdomadaires sur la Grosse Radio et c’est aujourd’hui un auteur de roman. Roman qui sera le sujet de cette chronique et qui s’appelle donc Iggy Salvador.
Iggy Salvador se veut donc être un roman. En réalité, il s’agit d’un livre d’histoire. La petite histoire de la musique certes et plus précisément celle d’un petit pan de l’histoire de la musique, celle des bootlegs, ou mashup, bref, celle de ces DJ inventifs qui, au lieu de pousser des disques, ont décidé de les mélanger pour en faire de véritables créations. Des créations pirates, sans aucune autorisation mais qui, pour certaines, ont connu un succès mondial, sans jamais pourtant avoir été produites et encore moins vendues.
Ça tombe bien, Zebra est largement connu pour ses bootlegs quasi légendaires et c’est autour de toute cette scène musicale internationale que Iggy Salvador et son narrateur, son double, son ego, à vous de voir, vont nous balader au cours de ces 190 pages de ce trop court livre.
Trop court parce qu’on aurait aimé encore plus de détails, des infos sur la technique, l’inspiration là où le livre nous raconte plutôt l’ambiance, le contexte et quelques croustillantes anecdotes, vraies souvent, romancées parfois, mais toujours avec un fond de vérité et une part plus ou moins importante des propres expériences de DJ Zebra dedans.
Ce n’est pas pour autant une autobiographie, il faudrait beaucoup plus de pages, mais c’est une sorte d’instantané, un condensé de la vie de cette scène underground qui est raconté ici.
On y apprend ainsi le nom des principaux DJ ayant officié, en Angleterre et aux USA notamment, et surtout quelques titres de bootlegs que l’on s’empressera d’aller écouter, comme illustration parfaite du texte, on apprend qu’il existe (ou existait ?) un forum sur lequel ils s’échangent leurs oeuvres et que les fameuses soirées Bastard ou Pulp se déroulait en fait dans des lieux minuscules, un peu pourris mais avec une intensité folle et une liberté totale.
On s’amuse aussi beaucoup dans ce livre au fil des anecdotes, notamment pendant le procès avec de mémorables "interventions" de Camille et de Pascal Nègre. Mais je n’en dirai pas plus.
Par ailleurs, le livre est illustré avec des extraits de vrais interviews ou chroniques d’acteurs de la scène bootleg ainsi que du journal fictif de Iggy Salvador, manuscrit qui ajoute un petit côté vraiment sympa et ludique à l’objet qui, pour ne rien gâcher, possède une couverture qui se voit de loin, comme le rire de Salvador qui s’entendait de loin, comme celui de Zebra aussi. Ce bon vivant, punk, et self-made-man qui continue son bonhomme de chemin au "salon de l’auto" comme il le dit (auto-produit, auto-édité, auto-tout…).
Vivement les prochaines aventures de ce drôle de zèbre qui, pour le moment, a repris le chemin des scènes avec son compère Prosper sous le nom de Bootleggers United. La boucle est bouclée.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.