Né à Lucques en Toscane, Luigi Boccherini (1743-1805) aura fait la majorité de sa carrière en Espagne, où il arrive à l’âge vingt-six ans, et qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort. On peut donc le considérer plus comme un compositeur Espagnol que comme un compositeur Italien.
C’est bien l’Espagne qui transpire à travers sa musique. Virtuose du violoncelle, Boccherini sera le premier à donner à son instrument ses lettres de noblesse, le premier également à lui donner un autre rôle que celui associé à la basse continue, le premier à faire sa révolution technique : en développant son registre notamment, et le premier à lui fournir un répertoire spécifique à travers trente-neuf sonates, des quintettes à deux violoncelles et ses concertos.
Mais Boccherini aura été un compositeur productif avec plus de 580 ouvrages recensés (son catalogue est tardif : une première version par Yves Gérard date de 1969 et une seconde a été lancée il y a une dizaine d’années), touchant à tous les genres et plus particulièrement à la musique de chambre. L’écriture de Boccherini est pleine d’expressivité, de subtilité, de caractère et d’élégance.
Il en va de même dans l’interprétation d’Ophélie Gaillard, de Sandrine Piau et de l’Ensemble Pulcinella, qui s’attaquent aux concertos pour violoncelle n°6 et 9, à la symphonie n°6, au quintette à cordes "la musica Notturna delle strade di madrid", à la sonate pour violoncelle n°2 et au Stabat Mater. Il y a une rigueur dans l’interprétation, des articulations très nettes, de la vélocité, une compréhension générale du texte avec une touche, une sensibilité féminine. La violoncelliste est force de proposition musicale : dans les couleurs, dans le phrasé, dans les nuances, les dynamiques et a la conviction de ce qu’elle fait. Il y a une très belle entente entre les musiciens qui jouent avec une belle cohésion. Plus que de la musique de chambre, de la musique d’ensemble. Une réussite.