Réalisé par Sameh Zoabi. Luxembourg/France/Israel/Belgique. Comédie. 2h06 (Sortie le 3 avril 2019). Avec avec Kais Nashif, Lubna Azabal, Yaniv Biton, Nadim Sawalha, Maïsa Abd Elhadi, Salim Daw, Yousef Sweid et Amer Hlehel.
Peut-on rire de ou avec le conflit israélo-palestinien ? Il y a dix ans, un film américain, "Rien que pour vos cheveux" de Dennis Dugan, y réussissait pour une farce "énaurme" et qui concluait que les Américains avaient leur part de responsabilité dans la persistance d'un conflit qui aurait pu se résoudre à l'amiable depuis longtemps.
Enfin, c'était la thèse défendu dans le film. Avec "Tel Aviv on fire" de Sameh Zoabi, la satire peut aussi aller très loin, mais, mine de rien, les "fondamentaux" du conflit, et la disproportion entre les forces des deux camps, bien présente.
Ainsi Salam, le héros palestinien nonchalant, voire paresseux, n'est pas très concerné par la géopolitique, mais pour se rendre à Ramallah, il passe et repasse à un checkpoint où il est contrôlé en permanence.
Heureusement pour l'histoire, d'ailleurs, puisque c'est grâce à Assi, l'officier israélien, qui "dirige" le checkpoint, que la situation va monter en puissance... Salam, neveu cossard d'un producteur palestinien qui supervise une sitcom "Tel Aviv on Fire", est chargé par une succession de hasards heureux d'écrire les nouveaux épisodes de cette série palestinienne à l'eau de rose mais sur fond du conflit.
Il s'en vante alors qu'Assi le contrôle... et celui-ci lui demande de procéder à des changements dans ce feuilleton que, ô surprise, sa femme et ses filles regardent même si elle est évidemment absolument pro-arabe.
Ainsi, peu à peu, le commandant israélien intervient dans la fabrication de "Tel Aviv on Fire", dont on voit avec délice des extraits qui ont plus de saveur que les "Plus belle la vie" et autres " Demain nous appartient".
Mené tambour battant par Sameh Zoabi, constamment drôle, cette pochade est une mise en abyme de cette guerre interminable et une manière plaisante d'en parler sans se fâcher - tout en disant des choses, on le répète - et d'envisager qu'il y a de part et d'autres des gens fatigués de cette tragédie au point de préférer en rire à force de trop en parler.
Bien entendu, la résolution inventée est aussi utopique que la paix, mais les acteurs s'en donnent à cœur joie.
On y retrouvera avec plaisir l'actrice belgo-marocaine Lubna Azabal et on découvrira des acteurs formidables comme l 'arabe israélien Kais Nashif, qui obtint pour le film le prix d'interprétation à la Mostra de Venise, et l'israélien Yaniv Bitton. On les sent très épanouis dans leurs scènes communes. "Tel Aviv on fire" de Sameh Zoabi prouve ainsi que l'art abolit les frontières qu'elles soient réelles ou dans les têtes.
Venez rire de bon cœur grâce à "Tel Aviv on Fire" car le rire y a une saveur supplémentaire, celui d'une arme efficace, une arme ultime quand toutes les autres ont échoué |