"Le modernisme musical est la dissolution de la tonalité traditionnelle et la transformation des fondements mêmes du langage tonal, en quête de nouveaux modèles d’atonalisme, de polytonalisme ou d’autres formes de tonalité altérée" Eero Tarasti
Soyons un peu chauvin : l’école française des vents bénéficie depuis un siècle et demi d’une aura toute particulière dépassant largement les frontières hexagonales. Dans la lignée des grands quintettes du milieu du XXème siècle comme l’ensemble instrumental à vent de Paris, du Quintette à vents Français et du quintette à vents de l’orchestre national, l’ensemble Les Vents Français est composé de musiciens exceptionnels (le clarinettiste Paul Meyer, le hautboïste François Leleux, le flûtiste Emmanuel Pahud, le bassoniste Gilbert Audin et le corniste Radovan Vlatkovic). Des musiciens prestigieux que l’on retrouve ici avec le pianiste Éric Le Sage dans un disque au programme très intéressant s’intéressant aux modernistes (Milhaud, Jolivet, Magnard, Nielsen) auxquels s’ajoutent deux pièces contemporaines Oslterlied le Sextuor pour quintette à vents et piano de Philippe Hersant et Mecanic Song pour quintette à vents et piano de Thierry Escaich.
Si le modernisme musical consiste à vouloir "tester et dépasser les limites de la construction esthétique" comme le dit Daniel Albright, il est aussi une question d’audace, de désir d’innovation et de liberté. Naturellement techniquement et musicalement ce disque est assez formidable, mais la virtuosité est également alliée à l’intelligence musicale. Il retranscrit jusque dans les moindres silences, dans chaque phase musicale, dans chaque ligne harmonique les idées novatrices, les envies d’évolution et de bousculer un certain académisme et la liberté de Milhaud, Jolivet, Magnard et Nielsen mais également la modernité des deux pièces de Philippe Hersant et Thierry Escaich. C’est aussi un excellent moyen de se replonger dans une formation (quintette à vents plus piano) pas si fréquente que cela et dans des œuvres parfois trop peu jouées. C’est notamment le cas pour le quintette d’Alberic Magnard rappelant parfois César Franck avec cette profondeur, ces lignes musicales et cet équilibre entre une écriture très fournie et des passages plus apaisés.
Chaque instrument joue successivement un rôle de soliste : d’abord la clarinette (Tendre), le hautbois (Léger) et enfin le basson (joyeux).
Oslterlied le Sextuor pour quintette à vents et piano de Philippe Hersant trouve son origine dans le Christ lag in Todesbanden et joue sur les variations. Une musique pleine de couleurs, de finesses et de résonnances qui fait écho à celle de Thierry Escaich. Formidable ! |