Un air de salsa sur la plage, une trompette chatouille les mots "simplement vivre, et sécher les pleurs, des découragés, offrir son cœur, à qui veut partager" ("Avancer contre le vent"). Avancer est le nouvel album de Tarsius, collectif de six musiciens aux mélodies coconut.

Vincent Estrade est au saxophone, Benoit Fuentes aux claviers, Cédric Joder au trombone, Aurélien Trévise à la batterie, Hector Paoli à la basse et Yannick Walet au chant. Incapables de se retenir, ils se laissent eux aussi entraîner par les volutes des mélodies et participent aux chœurs de l’album.

Le tarsier est ce primate aux yeux globuleux énormes et aux pattes immenses, craint et vénéré par des populations locales. Animal alternatif dans les jungles de la pop, Tarsius se démarque avec ses airs afrobeat à la percussion chaloupée et son funk en sueur. Hot.

Façon bossa nova brésilienne sur une déclaration : "Perdu dans le Paris gris-vert, je t’attendais les bras ouverts, tu m’as tendu ton visage clair, j’ai clairement vu le monde à l’envers, tu m’en as fait voir de toutes les couleurs, mon amour, du clair au gris, du gris au clair, j’ai vu l’avant j’ai vu l’hier, mes nuits en vains, mes nuits d’hiver, j’ai voulu voir la vie en rose, et tu m’as mis le rouge au front, maudite, Aphrodite" ("Le rouge au front").

Façon jazz en swing dans la canopée amazonienne : "Arrête de répéter que t’arrives à rien, que ta vie vaut rien, que t’es bon à rien, arrête de prier pour qu’un dieu vienne nous aider, ça fait bien longtemps qu’il prend plus les PCV, arrête de pleurer sur la misère du monde, le monde est immonde depuis que le monde est monde, il faut vivre sa vie, la vivre à tout prix, tenir debout, ne pas finir à genoux, fais comme les bonobos, ptite tête, grosse libido" ("Fais comme les bonobos").

Un peu en anglais, un peu en français, les rythmes afro se teintent de rock à la trompette, ça fait entrer les lagons bleus dans la cuisine et ça fait du bien. "Toi petite sorcière, si tu me laisses faire, qu’est ce qu’on va se faire" ("Le vaudou love").

Tarsius a le second degré des divinités craintes des ignorants, il a le sourire en coin dans ses mélodies et l’œil qui pétille dans les textes. Avancer plane entre les bayous de Louisiane et les plages normandes, il a le va-et-vient aquatique et les pulsations passionnées.