Comédie d'après l'oeuvre éponyme de Molière, mise en scène de Omar Porras, avec Yves Adam, Jonathan Diggelmann, Karl Eberhard, Philippe Gouin, Maëlla Jan Zéphire, Jeanne Pasquier, Emmanuelle Ricci et Juliette Vernerey. Avec "Amour et Psyché", Omar Porras, propose un conte fabuleux sur le thème mythologique de Psyché, la princesse vouée aux gémonies par Vénus qui, après bien des épreuves, deviendra déesse par la volonté de Jupiter, épousera Cupidon et donnera naissance à Volupté.
Pour la partition, il a puisé, avec la collaboration de Marco Sabbatini et Odile Cornuz, dans plusieurs opus littéraires et théâtraux dédiés, et principalement la tragi-comédie-ballet "Psyché" de Molière bénéficiant de la belle versification de Corneille, dont, de surcroît, il a retenu, pour sa mise en scène, la forme de pièce à machines et le genre ressortant au divertissement de cour.
Enrichi de ses fondamentaux, dont eux du baroque et du syncrétisme iconographique, ce parti-pris s'avère aussi abouti que spectaculaire avec la participation d'une équipe émérite.
Ainsi, appuyés par la musique ad hoc de Emmanuel Nappey, les superbes effets spéciaux, de la tempête à la pyrotechnie, assurés par Laurent Boulanger, et les créations lumières "ad hoc" de Mathias Roche, les superbes décors de péplum conçus par Fredy Porras qui, de plus, et à grand renfort de virevoltants tissus assurent le fondu-enchaîné des différents tableaux, transportent le spectateur dans un monde féérique dans lequel coexistent cruauté et merveilleux.
Comme les époustouflants costumes confectionnés par Elise Vituel et les maquillages, perruques et masques de Véronique Soulier-Nguyen, ils s'inscrivent dans une bienvenue et judicieuse unité chromatique, un camaieu de beige associé à l'antique du presque blanc marmoréen au doré de la pompe panthéonienne.
Et l'extraordinaire histoire de l'héroïne romantique soumise à la fatalité du destin et sauvée par l'amour, qui se déroule sur le pré-carré d'un praticable en bois latté, référence explicite au théâtre de tréteaux, est orchestré de main de maître par Omar Porras qui dirige une troupe fougueuse qui prend manifestement plaisir au jeu décalé.
Fille d'un vieux roi avatar d'un Gandalf cacochyme (Yves Adam), comme Cendrillon détestée par ses soeurs, des infernales précieuses ridicules javellisées aux conversations de pécores (Jonathan Diggelmann et Philippe Gouin excellents) et telle Blanche-Neige soumise à la vindicte de Vénus (Emmanuelle Ricci), Psyché est campée avec un naturel aussi saisissant que paradoxal et une remarquable diction des vers qui ne tend pas à la caricature par Jeanne Pasquier qui forme avec Philippe Gouin, parfait en sosie pincé du Roi-Soleil faisant le cabotin avec le phrasé du théâtre baroque, un excellent couple-titre.
Multi-rôles, Maëlla Jan, délicieuse Zéphyre, Juliette Vernerey en croquignolet prétendant et Karl Eberhard en Jupiter intendant préoccupé par sa gestion de l'Olympe, complètent efficacement la distribution de cette pastorale féérique.
Fête de l'amour, du théâtre et de l'amour du théâtre, encore un succès à l'actif de la Compagnie Teatro Malandro fondée par Omar Porras. |