Surgie des tourbières scandinaves, Susanne Jansson fait partie des nouvelles voix du polar nordique et réussit avec brio le passage du premier roman. Les âmes englouties, qui vient de sortir le mois dernier, est déjà un best-seller en Suède et est en cours de publication dans plus de vingt pays.
Pour travailler à sa thèse de biologie végétale, Nathalie retourne vivre dans sa région natale, au cœur d’une Suède humide et reculée. Elle y a laissé de douloureux souvenirs, qu’elle s’efforce aujourd’hui d’oublier. Quand Johannes, un joggeur étudiant en art, avec qui elle vient de se lier d’amitié, est retrouvé sans connaissance dans les marécages après une violente agression, elle ne peut plus nier l’évidence : la tourbière attire les drames.
Drames ancestraux, car des corps datant de l’époque romaine y ont été exhumés. Drames d’hier, avec la mort de Tracy, la sœur de sa meilleure amie, happée par les eaux troubles, qui a marqué son enfance et a inauguré une série de disparitions inexpliquées au même endroit. Et aujourd’hui, Johannes ?
Pour comprendre le présent, elle devra se confronter à son passé, évaluer la fiabilité de ses souvenirs et reprendre contact avec la petite communauté qui vit là. Sans compter que d’autres s’intéressent de près à la tourbière, notamment Goran, ancien professeur, convaincu que ce lieu est maudit, et Maya, artiste photographe qui travaille pour la police criminelle.
Evidemment, la tourbière se trouve au cœur de l’ouvrage et de l’intrigue, au cœur de la thèse du personnage principal, au cœur de légendes anciennes et enfin au cœur de disparitions non élucidées.
Un serial killer rode et une double enquête est alors menée, que le lecteur suit avec facilité auprès de Nathalie et de Maya. Le récit se construit en alternant les points de vue de Nathalie, mélange de souvenirs de son passé et le point de vue de Maya au fur et à mesure que l’enquête avance. Des personnages secondaires donnent du relief à l’intrigue et dévoilent une ambiance tendue parfaitement perçue dans l’ouvrage.
Autour d’une intrigue efficace, en faisant le choix de ne pas nous offrir un ouvrage au rythme haletant avec, au contraire, un ouvrage qui se construit lentement pour nous dévoiler une ambiance sombre et angoissante en pleine tourbière, l’auteur réussit par son écriture fluide, poétique et imagée à nous embarquer très rapidement.
Les âmes englouties est tout sauf un polar ordinaire. C’est un ouvrage sensoriel qui respire la tourbière, qui vous happe de par son atmosphère exceptionnelle, étrange et envoûtante. L’intrigue diabolique est menée avec justesse pour offrir au lecteur un suspense digne des bons polars nordiques que l’on est habitué à lire. |