Le premier pas de l'homme sur la Lune en 1969 fait de 2019 une année de commémoration spatiale dont s'empare non seulement les lieux dédiés telle la Cité de l'Espace à Toulouse mais également les musées.
Ainsi, anticipée dès 2018 par le Louisiana, musée d'art moderne de Copenhague avec l'exposition "The Moon", en France, le Centre Pompidou ouvrait le feu en janvier 2019 dans le cadre de son Festival Hors-Piste et la Réunion des Muséees Nationaux-Grand Palais rend le relais avec une monstration intitulée "La Lune - Du voyage réel aux voyages imaginaires". Conçue comme une "exposition artistique" par Alexia Fabre, directrice du Mac Val, et Philippe Malgouyres, conservateur en chef au département des objets d’art du Musée du Louvre,elle regroupe deux centaines d'objets et d'oeuvres pour une échappée doublement ambitieuse sur le thème de la Lune puisque attachée à la symbolique polysémique afférente à cet astre et embrassant tous les temps depuis l'Antiquité et tous les continents.
Au clair de la Lune, mon ami...
Exposition d'assemblage avec une succession d'oeuvres juxtaposées pour retracer "l’histoire du regard posé par les artistes sur Lune", elle ne comporte, nonobstant son l'articulation formelle en sept sections scénographiées par bGc studio, aucune ligne ni didactique ni réflexive en se déployant selon une approche de libération artistique qui pourrait ressortir à la méthode du pseudo-carambolage.
En effet, elle propose au visiteur une déambulation libre - à lui de s'inventer une histoire - introduite par le rappel de l'événement célébré avec des documents d'archives et d'ironiques oeuvres de circonstance dont "The Second Step" de Mircea Cantor, la fusée girly de Sylvie Fleury ("First spaceship on Vénus"), les combinaisons en wax africain de Yinka Shonibare et la capsule en bois de Stéphane Thidet.
Après la salle dédiée à l'observation astrologique dans laquelle les télescopes du 18ème siècle voisinent avec des oeuvres contemporaines, telles le panneau "Dislocated moon" d'Evariste Richer et la marée de globes lumineux "Lunes" de Ange Leccia conçu pour l'occasion, commence l'invitation à une traversée circonvolutionnaire au niveau chronologique et essentiellement picturale.
Et qui est introduite, exception faisant règle, par une ensemble éclectique de figurines de et objets de toutes origines, des statuettes égyptiennes au masque d'Afrique centrale en passant par des croissants péruviens voués au culte de la Lune réparties sous vitrine autour d'une triade consacrée à la figure mythologique de Diane et ses représentations ressortant à la statuaire académique par les sculpteurs Saint Gaudens, Houdon et Falguière.
Ensuite, la Lune en douce Hécate antique veille sur les amoureux, de Chagall dans "Le Paysage bleu" de Chagall dans lequel son croissant a pris la forme d'un poisson , à Semiha Berksoy ("Love under the moonlight") en passant par William Dyce ("Francesca da Rimini"), et sur le sommeil de son amant Endymion (Girodet "Le sommeil d'Endymion).
Mais,tel Janus, la Lune est également considérée comme l'astre des ténèbres avec ses turpitudes, du satanisme à la folie, qui, associée à la mort, au désespoir et au suicide, devient un motif pour le romantisme et le symbolisme avant d'inspirer les peintre surréalistes.
Elle constitue également un thème qui renouvelle la peinture de paysage (Joseph Wright of Derby "Clair de lune avec un phare", Hyppolite Sebron "Intérieur d'une une abbaye en ruine", Dali "La Perle", Jean Arp "Humaine, lunaire, spectrale", Joseph Vernet "La Nuit : un port au clair de lune").
D'Eugène Boudin à Manet en passant par Paul Delvaux et Rodin pour les noms les plus connus du grand public, le visiteur s'achemine vers la "Lanterne" de Marin Honert qui lui souhaite un belle nuit... au clair de la Lune et en compagnie de la "Baigneuse" de Joan Miró.
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