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Guillermo Arriaga  (Editions Fayard)  avril 2019

Cette semaine, les ouvrages écrits par des scénaristes d’Alejandro Inarritu sont de sortie. Après l’ouvrage de Nicolas Giacobone chroniqué cette semaine, je me suis lancé aussi dans la lecture de l’ouvrage publié chez Fayard, Le sauvage, écrit par le mexicain Guillermo Arriaga.

Guillermo Arriaga est un auteur mexicain de renom. Il a publié de nombreuses nouvelles et déjà trois romans. Son œuvre a été traduite dans dix-huit langues et on lui doit plusieurs scenarios de films qui ont rencontré un grand succès : Amours chiennes, 21 grammes, Babel et Trois enterrements qui lui a valu le prix du scénario à Cannes. Le sauvage est son dernier ouvrage, il a remporté le prestigieux prix Mazatlan.

Dans l’Unidad Modelo, quartier trépidant du Mexico des années 60, la violence est une affaire de la vie quotidienne. Pour Juan Guillermo, elle est une présence obsédante, qui l'a privé de ce qu’il avait de plus précieux : son frère aîné, Carlos, aussi habile trafiquant que fervent lecteur, assassiné par "les bons garçons", une bande de religieux fanatiques protégés par les hommes du très corruptible commandant de police Zurita. Anéantis par le chagrin, ses parents meurent à leur tour dans un accident de voiture, le laissant orphelin à dix-sept ans.

Unique survivant de sa famille, Juan Guillermo jure de se venger des assassins de son frère. Dans cette vie nouvelle placée sous le signe de la vengeance, seul l’amour fou de Juan Guillermo pour l’intrépide Chelo pourrait l’extirper de la spirale de destruction dont il est captif.

En contrepoint de cette histoire se déploie en même temps la quête d’Amaruq, un trappeur inuit lancé dans la traque sans relâche d’un grand loup gris à travers les forêts glacées du Yukon, un périple qui le conduira dans les profondeurs de la folie et de la mort. Les deux récits se rejoignent à la fin de l’ouvrage autour d’un homme vers qui tout converge.

C’est donc un ouvrage qui entremêle deux histoires de traques meurtrières que nous propose Guillermo Arriaga. Tout est présent dans ce roman fleuve, la vengeance d’un frère et sa traque de ces assassins, son parcours tumultueux nuancé par l’amour qu’il porte à Chelo, sa petite amie qui n’est pas non plus un modèle de stabilité.

En miroir, un homme seul dans la forêt dans les terres hostiles du Yukon, superbement décrites par l’auteur. Il se déplace en traîneau, avec ses affaires et son matériel avec l’ambition de traquer un loup gris, une bête surnommé "Le sauvage". Sa traque du sauvage est compliquée, rendue difficile par les conditions climatiques extrêmes qui provoquent chez lui des hallucinations fréquentes. La fatigue s’accumulant au manque de nourriture l’amènent vers la folie jusqu’à leur rencontre sur le haut d’une montagne. L’homme rencontre la bête.

Plus au sud, alternant avec le froid du Yukon brille de mille feux le soleil sur Mexico. Ce n’est plus la forêt que nous décrit Arriaga mais les rues et ruelles de Mexico qui grouillent de bruit, d’odeurs et de violences, parfaitement décrites par l’auteur. Juan Guillermo pénètre le gang des assassins de son frère, les infiltre pour mieux les traquer. Lui aussi est dans une errance qui le mène à la folie. L’adolescent orphelin et le vieil inuit ont donc un point commun. Le sauvage est alors une superbe réflexion sur la nature sauvage de l’homme et sa folie.

Le sauvage est un donc un roman vertigineux et intense dans lequel les chapitres se succèdent à un rythme effréné, autour de personnages charismatiques. Le double décor planté par l’auteur, au Mexique et dans le grand nord, est juste magique, digne d’un grand film. L’ambiance dégagée par ces lieux nous embarque, dès les premières pages.

A cela s’ajoute une intrigue, double évidemment, qui est parfaitement maîtrisée par l’écrivain mexicain. Son expérience de l’écriture de scénarios se retrouve dans l’ouvrage car on se rend vite compte que l’écrivain maîtrise parfaitement les retours en arrière fréquents dans le livre, les passages écrits au présent mais aussi au passé.

Cette parfaite maîtrise de l’intrigue est symbolisée par ce double récit et ces deux histoires qui se font miroir jusqu’à se rejoindre. Alors que tout pourrait amener à perdre le lecteur, c’est le contraire qui se produit puisque celui-ci se retrouve complètement happé par l’ouvrage.

Reste le style et l’écriture de Guillermo Arriaga qui représentent, à mon avis, le grand talent de cet ouvrage. Lire Le sauvage s’avère être pour le lecteur une véritable expérience littéraire. Dire que Guillermo Arriaga écrit bien est un euphémisme. La qualité d’écriture dont il témoigne dans cet ouvrage le place au rang des très grands écrivains.

L’ouvrage est truffé de références littéraires et philosophiques qui prouvent la grande culture littéraire que possède Guillermo Arriaga. Il est aussi composé de passages constitués de poèmes, de récits et de discours. Cette multiplicité des styles qui pourrait s’avérer déroutante pour le lecteur devient au contraire plutôt magique et original.

Pour finir, Le sauvage est aussi un portrait saisissant et sans complaisance de ce qu’est devenue aujourd’hui la société mexicaine, gangrénée par la violence et les règlements de compte entre gangs sur fond de trafic de drogues.

 

Jean-Louis Zuccolini         
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