Comédie d'après l'oeuvre de Sacha Guitry, conçue et mise en scène par Albert Willemetz, avec Anaïs-Jane Briand, Albert Willemetz, Pauline Menuet, Guy Albenque et Hugues Popot. Après les trois coups, tradition théâtrale quasiment abandonnée, le spectacle commence par la scène de la rencontre du fameux Talleyrand avec sa future femme, alors baronne de Grand, telle qu'écrite, avec son art du marivaudage moderne, par Sacha Guitry dans "Le diable boiteux".
Ce qui annonce le thème, la situation et la manière du premier opus théâtral de Albert Willemetz, descendant homonyme du célèbre et prolifique librettiste et lyriciste qui fut l'ami de Sacha Guitry.
Intitulé "Amours, mode d'emploi", il constitue, outre un exercice d'admiration pour l'un des maîtres de l'esprit français de son âge d'or, une variation sur l'amour et la psychologie du couple dans la déclinaison particulière de la différence d'âge entre les deux protagonistes.
Toutefois, Albert Willemetz se dispense de l'argument du trio boulevardier pour se consacrer à celui du tête-à-tête amoureux, à peine troublé par la fille du protagoniste (Pauline Menuet), un fleuriste (Hugues Popot) et un ami jésuite (Guy Albenque) et sa partition s'analyse moins comme une satire cinglante qu'une illustration de la conception du bonheur.
Ainsi il développe, dans une comédie charmante "à la manière de" dans un contexte contemporain, le cheminement de la première rencontre à la première dispute, en passant bien sûr par le premier matin, d'un quinquagénaire à la belle prestance et au verbe polissé très "Vieille France" avec un tendron à l'apparence d'oie blanche mais déjà rompue à la fréquentation masculine.
Avec une scansion qui évoque celle d'un Sacha Guitry qui aurait fait ses humanités outre-Manche, Albert Willemetz campe l'homme mature amoureux, mais lucide quant au naturel désir de possession de l'homme et à la propension à la ruse de la femme, pour qui "l'amour c'est faire le bonheur de la personne sur l'on aime au détriment même s'il le faut de son son propre bonheur a soi".
Et il a judicieusement choisi pour partenaire la séduisante Anaïs-Jane Briand parfaite en archétype de la jeune femme guitryenne dont futilité, coquetterie, mensonge, jalousie et infidélité constituent l'apanage. |