Se rendre à un concert de Jean-Pierre Kalfon accompagné par Jad Wio et Hugo Indi, c'est comme aller visiter une cathédrale. On y va un peu pour le monument, un peu pour le culte.
Comme la flèche d'un édifice gothique, Kalfon, vêtu de cuir noir, se tient droit au milieu des musiciens.
Le temps est passé par là. Les angles sont moins saillants, et l'aspect général plus poli, mais la stature reste imposante.
Pour le culte, on rappellera que Jean-Pierre Kalfon jouait lors du premier festival punk à Mont-de-Marsan, en août 1976, aux côtés de Little Bob Story, Eddie and the Hot Rods et The Damned. Ou qu'il a partagé l'affiche avec Bashung dans le film Nestor Burma détective de choc.
Ce n'est pas le seul lien qui le lie à Bashung, puisque dans son set les paroles de plusieurs chansons sont signées Boris Bergman.
Autour de Jean-Pierre Kalfon, Denis Bortek et Kristof Kbye, les dandys post-punk de Jad Wio, officient à la guitare sèche, tandis qu'Hugo Indi, la Gretsch en bandoulière, assure les parties électriques.
On comprend les liens entre Jean-Pierre Kalfon et Jad Wio sur une chanson comme "Sextoy", qui rappelle les thèmes abordés par le groupe dans l'album Contact, sorti chez Garage en 1989.
Le concert passe très vite, et se termine par deux reprises, "Rehab" d'Amy Winehouse puis un blues de Singleton, des problèmes dans les retours obligeant les musiciens à les jouer très doucement.
Pour revenir à "Sextoy", dans une période aussi perturbée que la nôtre, on se demande pourquoi des paroles comme "Grand Frère (Big Brother) veut tout m'interdire / Heureusement que j'ai encore le droit de rire", sont portées par un chanteur de 80 ans, et non par des groupes de jeunes d'une vingtaine d'années.
Au vingt-et-unième siècle, Jean-Pierre Kalfon reste la sagesse de la rébellion.
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