Il y a quelque chose dans la musique du compositeur, claveciniste et organiste italien Girolamo Frescobaldi (1583-1643), premier grand compositeur pour clavecin, qui tient de l’équilibre entre l’ordre, une science du contrepoint et d’une écriture rappelant quelque part le chant hérité du madrigal italien, et la liberté : harmonique, dans la souplesse de la pulsation, dans l’improvisation. Une musique qui se situe également à la croisée de deux époques : plus vraiment dans la renaissance, avec cette expressivité, ces superbes lignes mélodiques, ces changements de rythme et ces dissonances mais pas encore totalement ancrée dans le baroque.

Des couleurs, une invention mélodique que Christophe Rousset illustre avec beaucoup d’expression, de dynamiques et de profondeur sur un clavecin original anonyme de la fin du XVIème remanié par Rinaldo de Bertonis en 1736 avec un accord mésotonique (basé sur la tierce majeure naturelle). Christophe Rousset fait chanter son instrument avec beaucoup de subtilité et montre sa virtuosité dans le style propre au stilus fantasticus. Une réussite donc.