Avec sa petite robe à volant foutrement tendance, Sarah Lenka est une jazzy woman au timbre de velours éraillé et à l’étendard féministe. C’est le trémolo à portée de voix et les vibratos dans le sang qu’elle chante Women’s Legacy, hommage vibrant aux femmes esclaves afro-américaines. Et aux autres aussi.
L’album transpire les privations des champs de coton, l’abattement et la folie des hommes. Le chant est au-devant de la scène, teinté de pudeur, comme on baisse les yeux pour ne pas subir les injures et les coups. La voix de Sarah Lenka est voilée des silences des femmes, esclaves de ce monde en fuite, où l’amour n’est parfois qu’un mot et le désastre à portée de main. Son album est à l’instant où, sonné par les coups, tout s’arrête, le temps ne compte plus. Et le cœur continue, doucement, il bat, sourd et douloureux, timidement, il persiste et pulse, une éclaircie, et la vie continue.
"Seule avec une émotion, une vie, un choc, un abus, trop dur à exprimer, c’est là qu’un chant prend toute sa place et vient apaiser, laisser respirer un peu de vie, ouvrir une faille dans une douleur sourde pour qu’un espoir s’y insère, comme poser une graine pour la laisser pousser […] chanter, est quelque part une certaine victoire sur la maltraitance et le silence."
Directement inspirée de civil right song, d’african spiritual et de traditionnal ballads, Sarah Lenka puise dans ces répertoires intemporels et y ajoute la puissance de ses souffrances pour les sublimer de cette élégance toute féminine, donnant à Women’s Legacy le pouvoir de traverser les espaces et le temps, comme un hommage, une supplique, un espoir.
De son chant sans artifice, Sarah Lenka va droit au cœur (pour ceux qui en ont un évidemment), elle prend vos deux mains dans les siennes et saisit votre âme par la force fragile qui émane de sa personne. Après ses hommages à Billie Holliday et Bessie Smith, Sarah Lenka poursuit son combat pour la femme d’hier et d’aujourd’hui, dans ses douleurs, ses souffrances ordinaires et ses sujets qui fâchent.
Authentiques, ses airs polyrythmés et ses musiques onomatopées complètent les cuivres et percussions diablement jazzy. Et le résultat est là, à donner des envies de pardon et des espoirs de conquête. Parce que ces chants sont un souffle de liberté mutine, ce foutu espoir chevillé à l’âme, cet indécrottable envie de s’élever là où les rêves naissent. Parce qu’il en faut de la force pour y croire. Et elle, elle la porte dans les volutes de sa voix. Rien que ça. Délicatesse, force et douceur. Le café sans la brûlure. Une caresse. Du velours. Une droite. Rien que ça, et tellement à la fois.
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