Qui de mieux que le journaliste Brendan Kemmet pour nous raconter "la vérité sur Redoine Faïd", un spécialiste de l’évasion. L’auteur est journaliste, il est passé par le Parisien et France Soir, collaborant aujourd’hui avec Paris Match, le Parisien magazine et Le Point. Il a aussi écrit plusieurs ouvrages dont Les parrains du foot et Antonio Ferrara, le roi de la belle.
C’est donc à Redoine Faïd que s’est intéressé le journaliste pour nous offrir un ouvrage complet sur ce délinquant bien particulier qui a réussi par deux fois à s’évader de la prison dans laquelle il était enfermé.
Le premier juillet, un peu avant midi, un hélicoptère Alouette s’approche de la prison de Réau en banlieue parisienne. A bord, un mini-commando de trois hommes lourdement armés. Ils viennent délivrer un "détenu particulièrement signalé", le très médiatique Redoine Faïd. En moins de dix minutes et une série de portes découpées à la meuleuse thermique, le prisonnier se retrouve dehors, sans un coup de feu. C’est la deuxième évasion pour ce truand hors-norme qui, cinq ans plus tôt, s’était déjà extirpé de la maison d’arrêt de Lille-Sequedin avec otages et explosifs.
Des préparatifs minutieux à l’envol de Faïd, l’ouvrage retrace l’opération millimétrée de Réau, orchestrée par un orfèvre de l’évasion, mais aussi la cavale moins glorieuse de celui que la police a surnommé "L’écrivain", depuis qu’il a sorti une autobiographie dans laquelle il affichait une prétendue rédemption.
La fuite de Redoine Faïd ne dure que trois mois et s’achève là où tout a commencé : à Creil, petite ville de l’Oise, où il est né et a grandi au sein d’une famille nombreuse. C’est ici, au milieu des mornes HLM, que la trajectoire de Faïd a basculé.
L’ouvrage nous détaille les 95 jours de traque de Faïd par l’élite de la PJ, mobilisée comme jamais, à l’image de ce policier fraîchement retraité qui ne veut pas lâcher celui qu’il considère comme "un tueur de flic". Ce dernier va remuer ses indics pour retrouver le fugitif, jusquà son arrestation.
L’auteur revient sur les préparatifs de son évasion tout en nous détaillant aussi sa vie et ses relations en prison. On apprend notamment qu’il se plaint notamment de son voisinage carceral constitué de Youssouf Fofana et du terroriste du Thalys. On apprend aussi qu’il avait déjà envisagé des évasions lors de son premier séjour de dix ans en prison. Il nous raconte aussi ce qui a fait sa renommée lorsqu’il était libre, à savoir l’attaque des fourgons blindés pleins d’argent.
Redoine Faïd est un homme qui a fait beaucoup de cavales, il est devenu un truand très jeune, jeunesse que nous raconte l’auteur à travers ses années collège et lycée, sa passion pour le foot et son échec au baccalauréat. Il nous raconte les premiers braquages et la passion de Faïd pour Point Break, le film sur des surfeurs braqueurs.
Rédoine Faïd est aussi connu pour sa soi-disant période de rédemption à sa sortie de prison en 2009. L’auteur revient sur l’image médiatisée de rédemption qu’il se donne. Il publie d’ailleurs un livre en 2010, enchaîne les plateaux télé et voit son égo flatté. La même année, une fusillade éclate à Villiers-sur-Marne entre un convoi de fugitifs et la police aboutissant à la mort d’une certaine Aurélie Fouquet, policière municipale. Brendan Kemmet lui consacre un chapitre.
Des traces d’ADN dans une camionnette confondent Redoine Faïd qui pense avoir un alibi solide qui va vite tomber. La fuite s’impose, l’arrestation puis un retour à la case prison avant de nouveau s’évader, objet du premier chapitre. La vie de Rédoine Faïd semble être un éternel recommencement fait de braquages, de prison et d’évasions. Sa vie est un roman, Brendan Kemmet en a fait un excellent ouvrage pour mieux comprendre l’itinéraire particulier d’un caïd qui rêvait de notoriété. |