Neuf ans, dans un univers qui a la mémoire aussi courte, autant dire que cela s’apparente à une éternité. Neuf ans, donc, qu’est sorti Au bon moment, Au bon endroit, le dernier album de Marie-Claire Buzy. Un silence juste brisé par un disque hommage, où quinze artistes de la scène indépendante francaise rappelaient la pertinence d’une chanteuse pour laquelle tout a commencé dans les années 80.

Neuf ans donc, une longue parenthèse pour celle qui a collaboré avec Gainsbourg, Daniel Darc, Rodolphe Burger et Gérard Manset. Neuf ans pendant lesquels la motivation avait disparu, neuf ans faits de deuils difficiles à cicatriser. Et puis, petit à petit, l’envie d’écrire qui revient, cette écriture qui est chez l’artiste une seconde nature. Cheval fou est en marche, pas encore au galop, Marie-Claire reprend sa plume, avec des choses à dire, consternée par une société où tout n’est que cris, chaos, rétrécissements et renfermement sur soi-même.

Alors, sur fond de rock incarné, ce nouvel album se dévoile sous le jour d’un disque poétique et politique, fait de collaborations heureuses avec des artistes d’une même sensibilité comme Arnold Turboust, Anna Mouglalis ou encore Bertrand Belin qui a imaginé la musique du virevoltant "Où vont mourir les baleines", amère allégorie sur le sort des migrants.

Autour des dix chansons qui composent ce très bel album de Marie-Claire Buzy, on fait ainsi "Le tour de nos têtes" mais surout le tour de ses craintes et de ses espoirs. L’artiste nous dresse aussi le porttrait d’une société qui ne nous fait plus rêver. Elle parle aussi d’amours impossibles.

Avec Cheval fou, l’artiste nous confirme ses talents d’écriture. Son disque vient prouver que cette artiste se conjugue toujours au présent tout en étant bien décidée à s’offrir un futur, en chantant, à défaut d’être enchanté.