Il aura suffi qu’un certain Barack Obama s’extasie sur son précédent ouvrage pour que Lauren Groff rencontre le succès qu’elle mérite. Publié aux éditions de l’Olivier, Les furies reçut un excellent accueil critique et public en France, dans la continuité de l’immense succès qu’il connut de l’autre côté de l’Atlantique.
On attendait donc avec impatience un nouvel ouvrage de cet auteur et voilà qu’il arrive sous la forme d’un recueil de nouvelles, avec pour titre Floride, toujours publié aux éditions de l’Olivier. Floride a reçu en 2019 le Story Prize, l’un des prix américains dédiés aux nouvelles les plus prestigieux.
Le titre du livre ne laissant pas la place au moindre doute, la plupart des histoires de l’ouvrage se situent ou ont pour thème (de loin ou de près) la Floride. Trois histoires se situent en dehors de la Floride, en France et au Brésil notamment. Une Floride qui à la lecture de l’ouvrage ne s’avère pas être seulement le paradis ensoleillé que nous vendent les agences de voyages ou la télévision. Tout n’est pas si facile dans cet état américain, derrière les images de cartes postales se cachent des situations souvent ambiguës comme l’attestent les nouvelles de ce recueil.
Ce n'est pas une mais plusieurs histoires que nous raconte Lauren Groff comme celle d'une famille dont la vie se voit perturbée par la présence hypothétique d'une panthère. On y croise aussi une femme qui, durant une tempête, reçoit la visite de fantômes venus de son passé. Lauren Groff nous raconte aussi l'histoire de deux petites filles abandonnées sur une île qui doivent réinventer leur vie à l'état sauvage. Dans une autre nouvelle, l'auteur nous parle d'une écrivaine floridienne de passage en Normandie pour écrire sur Maupassant. Une nouvelle est aussi consacrée à une femme qui décide soudain de changer de vie et de devenir vagabonde.
La faune et la flore, les ouragans déchaînés propres à la Floride influent sur le destin de tous ces personnages. Malgré cela, au travers de ces nouvelles, l'auteur semble vouloir nous montrer que les menaces les plus dangereuses et les perturbations les plus puissantes viennent rarement de l'extérieur mais des recoins les plus isolés de notre intimité.
Alors voilà, comme vous commencez à le savoir si vous lisez régulièrement les chroniques livres de Froggy's delight, je ne suis pas un grand lecteur de recueil de nouvelles. Cela ne signifie pas que je n'aime pas ce format littéraire, juste que je suis plus porté vers les romans. Pour ainsi dire, les recueils de nouvelles que je lis régulièrement sont celles de Bernard Quiriny (un spécialiste du genre) et celles de Joyce Carol Oates. Floride, évidemment, ne ressemble pas aux nouvelles de l'auteur belge qui lui fait plutôt dans le burlesque. Elle se rapproche un peu plus, je trouve, de celles que peut produire l'immense auteure américaine Joyce Carol Oates qui sortira à la rentrée un superbe roman dont nous reparlerons bientôt. Pour ce qui est de l'ambiance pesante, les nouvelles de Lauren Groff se rapproche beaucoup de ce que peut écrire une auteure comme Laura Kasischke (qui a aussi écrit des nouvelles).
Évidemment, comme dans tous les recueils de nouvelles, l'ensemble reste inégal avec des nouvelles qui vont accrocher plus le lecteur que d'autres. On retrouve néanmoins ici l'écriture flamboyante de Lauren Groff, celle qui nous avait éblouis dans Les Furies, et sa formidable capacité à décrire la nature et les sentiments.
On attend maintenant avec impatience un nouveau roman de Lauren Groff, après avoir passé un agréable moment avec ces nouvelles turbulentes d'une Floride qui n'est, à ses yeux, pas seulement le lieu que nous décrivent les cartes postales et les séries télé la concernant. |