Réalisé par Guillaume Nicloux. France. Comédie dramatique. 1h33 (Sortie le 24 août 2019). Avec Avec Gérard Depardieu, Michel Houellebecq, Maxime Lefrancois, Mathieu Nicourt, Daria Panchenko et Luc Schwarz.
L'événement est "énaurme" : "Thalasso" de Guillaume Nicloux imprime la rencontre de deux monstres sacrés, Michel et Gérard, autrement dit Houellebecq et Depardieu.
Le couple en rappelle d'autres : Laurel et Hardy, Astérix et Obélix.
C'est une confrontation titanesque à laquelle on s'attend et on ne sera pas déçu. Dès qu'ils sont ensemble, on rit tellement on n' en revient pas que Guillaume Nicloux, cinéaste prolifique et touche-à-tout, ait eu l'idée de les réunir.
Il y a cinq ans, il avait donné à Michel Houellebecq son premier vrai rôle dans "L'enlèvement" et avait fait se retrouver il y a deux ans Depardieu et Huppert dans "
Valley of love". Il sait donc "manier" les deux supposés incontrôlables, diriger les deux "bestiaux" avec finesse. D'autant mieux qu'il a eu la bonne idée de les rassembler dans un huis-clos : une cure de thalassothérapie à Cabourg.
Le film fait alors office de documentaire sur ce que suivre une cure veut dire. Toutes les étapes seront décrites, mettant les deux impétrants dans les plus ahurissantes situations. C'est la partie la plus réussie du film, celle qui pourrait servir de base à quelques centaines de pages houellebecquiennes.
Curieusement, on pense au Godard de "Détective" qui se passait lui aussi entièrement dans un grand hôtel, le Concorde Saint-Lazare. La référence est tellement assumée qu'au départ Jean-Pierre Léaud devait être de la fête et qu'il en reste l'apparition de Françoise Lebrun, permettant à Nicloux de se faire rencontrer l'acteur de "Loulou" de Pialat et la sublime actrice de "La Maman et la Putain" de Jean Eustache.
Autre référence godardienne : "Soigne ta Droite" où l'helvète au cigare jouait les ahuris... à l'instar de Houellebecq ici.
Mais Nicloux a un contrat à respecter et pas un hommage à Godard à assumer. Il convoque alors les acteurs, professionnels et non professionnels, qui avaient "enlevé" Houellebecq dans son précédent film.
On est ainsi remis sur les rails d'une fiction, certes zarbi, mais une fiction tout de même. On sent que Depardieu décroche un peu et que Houellebecq peine à suivre. Tant pis.
L'intérêt de "Thalasso" de Guillaume Nicloux n'est pas là, même si ce mélange godardo-mockien est finalement le marqueur de son cinéma et qu'on lui conseillera de poursuivre dans cette voie plutôt que dans celle de "Valley of love".
Foutraque et répétitif, "Thalasso" vaut vraiment pour le duo titre. On conseillera aux amateurs de l'un et de l'autre de ne pas passer leur tour, car, à part si Vladimir Poutine acceptait un rôle dans un prochain film de Depardieu, celui-ci n'a plus beaucoup de partenaires à sa mesure, et pas seulement pour liquider les bons crus qu'il a cachés dans sa chambre.
Evidemment, la réunion du petit corps malingre de Michel et du gros bide de Gérard ne laissera personne indifférent.
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