C’est une première pour moi, me lancer dans la lecture d’un ouvrage tout droit venu d’un pays africain méconnu, l’Ouganda. Évidemment, pour découvrir des ouvrages venus d’ailleurs, c’est souvent vers les éditions Métailié qu’il faut se tourner, elles qui ont l’habitude de nous offrir des ouvrages latino-américains et africains.
Alors voilà, me voilà avec entre les mains un bon gros roman africain écrit par une auteure ougandaise au nom pas si facile à prononcer. Son titre, Kintu, aussi court qu’intriguant ! C’est le premier roman de cette auteure qui a étudié et enseigné la langue anglaise en Ouganda avant de poursuivre ses études en Grande-Bretagne, à Manchester, où elle vit aujourd’hui. Kintu, lauréat du Kwani Manuscript Project en 2013, sélectionné pour le prix Etilasat en 2014, a reçu un accueil critique et public extraordinaire, aussi bien en Afrique qu’aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. A chaque fois, les critiques ont salué un roman époustouflant de maîtrise.
Kintu, c’est le nom du gouverneur d’une province du royaume du Buganda qui a tué accidentellement son fils adoptif d’une gifle malheureuse en 1750. Depuis, un sort est lancé sur tous ses descendants, les vouant à la folie, à la mort violente, au suicide. Et il faut dire que les malédictions ont la vie dure.
Et en effet, trois siècles plus tard, les descendants de Kintu semblent abonnés au tragique : Suubi, harcelée par sa sœur jumelle qu’elle n’a jamais connue, Kanani le "réveillé" évangéliste, fanatique mais lubrique, Isaac Newton, torturé par l’idée d’avoir transmis le sida à sa femme et à son fils. Et enfin, Miisi, le patriarche, l’intellectuel éduqué à l’étranger, hanté par des visions et des rêves où s’invitent l’enfance, les esprits, l’histoire du clan et de la nation tout entière. Un par un, ils sont appelés par les anciens du clan dans une forêt aux confins de l’Ouganda, en une ultime tentative de conjurer le sort.
Je me rends compte à la lecture de ce livre que j'apprécie de plus en plus la littérature africaine qui n'a rien à envier aux autres continents. Mené sur un rythme trépidant, la lecture de cet ouvrage autour d'une malédiction gémellaire et de leurs descendants nous plonge au cœur de traditions ancestrales passionnantes.
Après un prologue qui nous raconte un meurtre en nous laissant perplexe, ne sachant pas où l'on va, l'ouvrage s'ouvre sur une premiere partie consacrée à Kintu. La malédiction s'installe au fil des pages, déroulant une intrigue que les parties suivantes vont compléter. Les parties suivantes sont consacrées aux différents descendants qui donnent le nom aux parties. Chacun, à leur manière, nous font vivre cette malédiction.
Alors voilà, ce roman de Jennifer Nansubuga Makumbi est une petite merveille de livre, un ouvrage qui nous transporte à l’intérieur d'une famille hors du commun qui déborde de sentiments. Envoûtant au possible, il procure au lecteur un plaisir de lecture jubilatoire, au cœur de la culture africaine. |