Comédie d'après l'oeuvre éponyme d'Edmond Rostand, mise en scène de Maryan Liver, avec Sidonie Gaumy et Thomas Bousquet.
La jeune Compagnie des des 2 Lunes présente, sous la houlettte de sa fondatrice Maryan Liver qui en assure l'adaptation, la scénographie et la mise en scène, une version resserrée pour deux comédiens de "Cyrano de Bergerac" d'Edmond Rostand.
En effet, de l'amphigourique opus, fleuron de l'oeuvre rostandienne, elle présente un condensé comportant l'essentiel des scènes majeures, dont celle du balcon, et des tirades fameuses, telles celles dites "du nez" et du "Non merci", composant cette comédie héroïque articulée autour du personnage-titre, bretteur matamore au coeur sensible affublé d'un pic nasal, et de son amour transi pour la belle Roxane, coquette peu sensible à la beauté des laids.
Maryan Liver réussit cet exercice aussi hardi que complexe avec une proposition inscrite dans le registre du théâtre de tréteaux, ce qui convient à la situation située au 17ème siècle, en hybridant le drame romantique, la commedia d'elle arte avec le jeu masqué avec le comte de Guiche convoitant la belle représenté par un gigantesque masque de carnaval, et la marionnette avec le bel amoureux transformé en "pantin" aux belles bacchantes.
Egalement au théâtre d'objets avec les accessoires de jeu, un coffre à jouets customisé, un étrange instrument évoquant une orgue de barbarie et un faux miroir, ce qui ne dénature pas l'oeuvre originale qui se déploie en patchwork stylistique.
Et ce, avec la collaboration émérite de Frédéric Morel pour les costumes façon 19ème, l'habillage musical jazzo-manouche aux accents klezmer de Mathieu Scala et le travail de lumières de Gillian Duda. Pour faire vivre cette épopée revisitée, Maryan Liver dirige deux comédiens époustouflants qui se métamorphosent à vue avec une incroyable vélocité fregolienne pour enchaîner tous les personnages en les incarnant de manière convaincante toujours avec le ton approprié à leur état. Au jeu, et aux jeux, Sidonie Gaumy et Thomas Bousquet, qui apportent une belle humanité tant à Roxane qu'à Cyrano, font résolument "mouche" pour enthousiasmer le public à la fin de l'envoi. |