Enregistrer un disque hommage, c’est toujours un peu casse-gueule. On a ceux trop révérencieux, trop écrasés par rapport à leur sujet, ceux qui sont totalement désincarnés, ceux qui profitent de l’occasion pour essayer de briller.

Et puis il y a ce genre de disque où l’on touche à quelque chose de précieux. Parce que Michel Petrucciani n’est pas que dans l’esprit de l’excellent pianiste Laurent Coulondre, il est partout : dans ses doigts, dans le souffle, dans les moindres phrasés, dans l’énergie et le sens qu’il imprime à sa musique et qui portent chaque ligne mélodique, chaque ligne rythmique. Mais le pianiste fait bien mieux que d’en rendre une simple copie, il en fait une interprétation foisonnante et absolument pertinente. Une interprétation à la fois fidèle et personnelle.

Il y a de la générosité, une profondeur dans le jeu gourmand et virtuose de Laurent Coulondre, aussi dans ceux du contrebassiste Jérémy Bruyère et du batteur André Ceccarelli, les deux musiciens qui l’accompagnent dans ce disque. Il y a une façon de peindre, c’est une explosion de couleurs dans un écrin de son tout en rondeur, de travailler avec la matière sonore.

Le pianiste capte l’essence, la construction rythmique, mélodique et harmonique de la musique de Petrucciani, trouve le juste milieu entre relecture personnelle et littéralité musicale et Memories of Paris, Little Peace in C, Brazilian Like, Colors, Guadeloupe... devinent un nouvel éclat. Du jaillissement, des explosions, des rires et quelques larmes, beaucoup d’esprit. De la musique !

Et une raison de plus de se dire que la musique du grand maître Michel Petrucciani n’a jamais été aussi vivante...