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puce Un autre tambour
William Melvin Kelley  (Editions Delcourt)  septembre 2019

Voilà un ouvrage à l’histoire bien particulière qui risque beaucoup de faire parler de lui en cette rentrée littéraire. Considéré par Le New-Yorker comme "le géant oublié de la littérature américaine", cet ouvrage de William Melvin Kelley nous arrive enfin, en français, dans une édition soignée proposée par les éditions Delcourt Littérature.

Cet ouvrage a été publié il y a cinquante ans déjà, en 1962 pour être précis. Son arrivée entre nos mains et le fruit de sa découverte, dans une brocante, par une auteure et journaliste américaine nommée Kathryn Schulz. L’ouvrage l’inspire pour écrire un article dans le New-Yorker avec pour titre "le géant oublié de la littérature américaine". L’ouvrage est aujourd’hui en cours de republication dans le monde entier.

William Melvin Kelley est né à New-York en 1937 et a grandi dans le Bronx. Il a 24 ans lorsque paraît son premier roman, Un autre tambour, accueilli en triomphe par la critique américaine. Ce jeune auteur, promis à une brillante carrière, disparaît ensuite de la scène littéraire. Pourquoi et comment ? Par une décision consciente, la réponse étant contenue dans son premier roman.

En 1966, il couvre le procès des assassins de Malcom X pour un journal, ce qui éteint ses derniers rêves américains. Anéanti par le verdict, il regagne le Bronx, les yeux plein de larmes et la peur au fond du cœur. Il ne peut se résoudre à écrire que le racisme a encore gagné pour un temps, pas maintenant qu’il est marié et père. Il part ensuite avec sa famille vers Paris avant de s’installer en Jamaïque en 1977. Il est l’auteur de quatre romans et d’un recueil de nouvelles et a produit un film avec Steve Bull. William Melvin Kelley est mort à New-York en 2017.

C’est donc une immense chance de pouvoir avoir entre ses mains Un autre tambour, cet ouvrage passé aux oubliettes, qui résonne encore aujourd’hui et qui ne semble pas avoir pris une ride tant ce qu’il nous raconte s’avère être un mélange de puissance et d’intemporalité. C’est un livre magnifique que nous offre donc les éditions Delcourt, un véritable choc littéraire que l’on n’est pas prêt d’oublier.

L’histoire se déroule en juin 1957, à Sutton, une petite ville tranquille d’un état imaginaire entre le Mississippi et l’Alabama. Un jeudi, Tucker Caliban, jeune fermier noir, répand du sel sur son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison et quitte la ville à son tour. Le jour suivant, toute la population noire de Sutton déserte la ville à son tour.

Quel sens donner à cet évènement, à cet exode spontané ? Quelles conséquences pour la ville, soudain vidée d’un tiers de ses habitants ?

L’histoire est alors racontée par ceux qui restent, à savoir les blancs. C’est donc un roman choral que nous propose l’auteur. Une histoire racontée par des enfants (on y trouve des passages particulièrement émouvants), des hommes et des femmes, des libéraux et des conservateurs. Une histoire racontée par des crétins blancs, des membres d’une famille qui possédaient les aïeuls de Tucker. Une histoire qui permet à l’auteur de multiplier les points de vue, de les décaler et de poser de façon inédite et gonflée pour l’époque la question raciale.

Les ouvrages qui ont pour thème le racisme et la ségrégation sont légions et il en sort régulièrement, souvent de grande qualité comme celui-ci ou celui de Tayari Jones. Ici, l’originalité et la grande qualité de l’ouvrage, au-delà de l’écriture magnifique de cet auteur, tient dans l’idée géniale qu’il a eu de donner la parole à des blancs pour parler des problèmes de noirs.

Dans l’ouvrage, ces noirs n’apparaissent pas ou peu, ils ont disparu comme ils ont quitté le village Sutton et ne sont donc présents que parce qu’en disent les blancs qui sont restés et les ont côtoyés. Ces blancs ne comprennent pas le départ des populations noires du village. Ils s’interrogent sur l’attitude de Tucker, son choix de tout plaquer, sans avoir de réponse. On y découvre des blancs qui méprisent les noirs tout en voulant les conserver dans le village. Au fil des pages, alors que les blancs traversent une totale incompréhension se dessine parallèlement le processus de libération des populations noires, un processus construit sur plusieurs générations.

Les grands livres ont toujours une grande fin et Un autre tambour ne déroge pas à cette règle. On sort de cette lecture en ayant la sensation d’avoir lu un immense livre qui nous questionne au travers d’une histoire alternative, féroce et audacieuse, porté par une qualité littéraire indéniable à laquelle se mêle une vision politique intelligente.

Un autre tambour est un immense livre, "le géant oublié de la littérature américaine" et l’on se doit de remercier profondément Kathryn Schulz, celle qui nous a permis d’y accéder.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "Danseurs sur le rivage" et de "Dem" du même auteur
La chronique de "Jazz à l'âme" du même auteur

En savoir plus :
Le site officiel de William Melvin Kelley
Le Facebook de William Melvin Kelley


Jean-Louis Zuccolini         
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